Après la dénonciation par la Fédération PS du Finistère des propos de Gérard Filoche sur le rapport Badinter :
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A Brest, le 16 février 2016
Communiqué de la Fédération du Finistère du PCF :
« Quand le sage montre la lune, l'idiot regarde le doigt »
Le Parti Socialiste du Finistère, dans le sillage du premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis, estime que Gérard Filoche "a franchi la ligne jaune" en accusant dans des propos véhéments lors d'un entretien à Ouest-France lundi dernier Robert Badinter de ne rien connaître au Code du travail qu'il entend « simplifier » et élaguer au préjudice des salariés et au bénéfice du patronat.
Indignation bien sélective... En réalité Gérard Filoche est un des seuls au Parti Socialiste à dénoncer avec constance depuis quatre ans la dérive néo-libérale du gouvernement et de la présidence socialiste et à proposer des alternatives pour indiquer ce que seraient des réformes de gauche du droit du travail et en faveur des travailleurs
Quand le rapport Badinter voudrait décapiter en un tour de main des acquis sociaux essentiels que les luttes sociales et ouvrières ont mis des décennies à conquérir, l'inspecteur du travail Gérard Filoche, qui est confronté quotidiennement à la détresse des salariés face à un patronat de plus en plus décomplexé, a le droit d'être en colère. C'est même son devoir de dénoncer ces projets de remise en cause du droit du travail que la droite même n'a jamais osé entreprendre jusqu'ici.
Le rapport Badinter ne prévoit rien pour réduire la précarité du travail, empêcher les licenciements boursiers, réguler la sous-traitance, redévelopper la démocratie syndicale et sociale, renforcer le pouvoir des instances représentatives du personnel dans l'entreprise, développer une vraie sécurité sociale professionnelle et les moyens de l'inspection du travail.
Au contraire, Badinter, sous l'inspiration du trio Hollande-Valls-Macron et du MEDEF, entend supprimer la durée légale du travail fixée à 35 heures au profit d'une « durée normale » ouvrant droit à toutes les exceptions. Il voudrait affirmer la priorité des accords d'entreprise sur la loi dans la hiérarchie des normes, ouvrant de nouvelles perspectives au chantage à l'emploi des patrons et actionnaires pour faire accepter des régressions sociales.
En définissant le droit du travail comme «la volonté d'assurer le respect des droits fondamentaux de la personne humaine au travail » et en passant sous silence le lien de subordination du salarié à l'employeur, Robert Badinter efface le rapport de domination et d'exploitation, dont la reconnaissance est un des fondements du droit du travail actuel.
L'article 57 du projet de Code du travail simplifié écrit par Badinter prévoit que « les clauses d'une convention ou d'un accord collectif s'appliquent aux contrats de travail » sans que le salarié n'ait son mot à dire, Myriam El Khomri proposant même que des référendums d'entreprise puissent être instaurés pour contourner l'opposition de syndicats majoritaires. Avec le chantage à l'emploi et au chômage, et la carotte d'une légère augmentation de rémunération en cas d'acceptation d'un temps de travail plus important et d'une flexibilité plus grande, on imagine ce que cela peut donner.
Les communistes du Finistère sont solidaires du fond de l'interpellation de Gérard Filoche qui ne se résigne pas à ce qu'un gouvernement prétendument de gauche face le jeu des patrons et réduise les droits des salariés, quand il n'envoie pas carrément des syndicalistes en prison pour les punir de défendre leurs emplois.
Avec tous les hommes de gauche sincères qui veulent étendre les droits des salariés et non les dynamiter, nous nous battrons pour que le rapport Badinter ne serve pas de prétexte à une nouvelle casse du droit du travail, après l'ANI et la loi Macron, à partir de sa transformation en projet de loi au Conseil des Ministres du 9 mars prochain.
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