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3 février 2016 3 03 /02 /février /2016 07:56

Selon les statistiques officielles, 6,2 millions de personnes sont au chômage. Pour 2,5 millions d'entre eux, cela dure depuis plus d'un an. Les personnes les plus touchées : les ouvrier-e-s, employé-e-s, les jeunes, les personnes sans diplôme, les parents isolés (85% de femmes), les habitant-e-s des zones urbaines sensibles et les immigré-e-s.

Le chômage est évidemment associée à la pauvreté des familles: 8,5 millions de pauvres en France si on se base sur le critère de 60% du revenu médian.

Pour les chômeurs indemnisés (ils et elles sont une minorité), l'indemnité moyenne est de 1100 euros brut par mois (entre 980 et 1050 € net par mois). 63% des chômeurs indemnisés touchent une allocation inférieure à 1800€ brut par mois. 27% des chômeurs renoncent à des soins médicaux pour raisons financières.

Dans la lignée de la Cour des comptes (voir ici), le gouvernement Hollande-Valls a annoncé qu'il pensait réduire les allocations chômage. Les conséquences pour les personnes concernées ? Difficultés sociales, pauvreté, problèmes de santé, moins de loisirs pour les enfants... Dans cette situation, chercher et trouver du travail relève de la mission impossible.

A nouveau, le gouvernement reprend à son compte une veille revendication du Medef (déjà ici, en 2014).

Début 2014, Hollande était pourtant sur un tout autre registre: "Ce n'est pas à un moment où il y a un taux de chômage élevé qu'il faut réduire les droits des chômeurs". Deux ans plus tard, le discours est différent au moment où syndicats et patronat doivent se retrouver autour du 20 février pour renégocier la prochaine convention qui arrive à échéance le 1er juillet.

La dette du régime d'assurance chômage (29,4 milliards) a été creusée par un chômage de masse causé par les politiques libérales menées depuis 35 ans: austérité, absence de soutien aux salaires, libre-échange avec son cortège de délocalisations, de pression sur l'emploi, acceptation des licenciements boursiers, suppressions d'emplois dans les services publics et anciennes entreprises publiques (110 000 à la Poste depuis 12 ans, 30 000 postes supprimés à la SNCF depuis 2000), conséquences de la crise financière de 2008 qui est une résultante des prélèvements trop importants opérés par le capital et du grossissement de l'économie spéculative.

Est est liée aussi à des années de politiques d'exonérations de cotisations sociales sur les bas salaires pour le patronat, politique inefficace du point de vue de l'emploi mais qui creuse les déficits de l'assurance chômage.

Le chômage à un haut niveau en France est voulu par le patronat et les puissances financières, et les élites politiques et technocratiques qui gèrent leurs intérêts: c'est un moyen de faire pression sur les salaires, les conditions de travail, de plonger les salariés dans la crainte, la résignation, d'enrayer leur combativité, de leur faire accepter n'importe quel poste.

C'est aussi une conséquence de notre acceptation des règles ultra-capitalistes de la mondialisation libérale et de l'Europe des marchés.

Sinon, il suffirait d'alléger le temps de travail: passage au 32 h. Au lieu de ça, on casse les 35h, on allonge la durée de travail jusqu'au départ à la retraite, ce qui au demeurant crée plus de chômeurs à indemniser de manière automatique puisque beaucoup d'employeurs considèrent qu'à 50-55 ans, on est plus assez performants. Il suffirait de réduire les prélèvements du capital. De relever les salaires pour relancer la consommation, l'activité économique et l'embauche. Les gains de productivité importants de ces dernières années ont été absorbés par les profits financiers. En 1980, le capital accaparait 30% du PIB des pays de l'OCDE, aujourd'hui c'est passé à 40%. Pour la France, cela représente une baisse de 200 milliards d'euros par an qui ne sont plus affectés à la rémunération du travail mais à celle du capital.

Patrice Cohen-Séat dans son dernier essai Peuple! La lutte des classes au XXIe siècle résume ainsi: "Globalement, l'avantage pris par le capital dans le partage des richesses se traduit donc par une forte insuffisance de la "demande", et constitue l'une des principales causes du cancer économique et social qui ronge nos sociétés: fermeture d'entreprises ou de sites et baisse de l'emploi, déséquilibre des comptes sociaux des dépenses de protection sociale, baisses des rentrées fiscales et coupes sombres dans les dépense publique, développement extravagant de la dette, etc. C'est un cercle vicieux récessif qui affecte tous les volets de la demande privée et publique et étouffe l'économie européenne".

Le chômage de masse jette un discrédit sur les institutions, le système politique et social, plonge toute une partie de la population et des classes populaires dans le désarroi et le rejet du politique, mais cela ne profite pas à des forces politiques qui pourraient et veulent remettre en cause la domination des politiques capitalistes.

Remettre en cause les allocations chômage, en France comme en Angleterre et ailleurs, en les rendant plus dégressives, en durcissant leurs conditions d'obtention, en radiant les chômeurs, est un moyen pour les néo-libéraux de mettre à disposition une armée de réserve précarisée pour accepter des boulots au rabais: travailler en de-deçà de ses qualifications, accepter des petits boulots, postes sous-payés, des CDD, des temps partiels imposés... Pour les néo-libéraux, la misère doit être l'aiguillon de l'acceptation du travail exploité ou dévalorisé.

Les formations bidons qui ne mènent à rien ont aussi pour but de maquiller les vraies statistiques du chômage.

Pôle Emploi sert de terrain d'expérimentation aux politiques néo-libérales depuis des années. Bientôt, les chômeurs ne seront plus reçus que le matin, ils devront constituer leurs dossiers d'indemnisation tous seuls par internet, avec le risque de ne pas y avoir droit s'il manque des pièces. L'accompagnement des chômeurs est complètement deshumanisée par les réformes structurelles à Pôle Emploi. Les chômeurs qui "valent le coup" car pouvant potentiellement trouver du travail rapidement sont sous-traités par des filiales privées.

Ce système est fou, humiliant pour les chômeurs, insupportable humainement.

Nous ne devons plus supporter ce mépris des chômeurs, qui sont des victimes d'une politique globale, non des profiteurs de quoique ce soit!

Ismaël Dupont.

Voir aussi la pétition de Caroline de Haas sur internet, à signer bien sûr:

Bonjour,

comme sans doute beaucoup d'entre vous, j'ai découvert ce matin que le gouvernement envisageait de baisser les indemnités des chômeurs et des chômeuses.

Autour de moi, des ami-e-s, des ancien-ne-s collègues, des membres de ma famille, galèrent à trouver du boulot. Et le montant des indemnités, lorsqu'elles existent, ne permet souvent pas de chercher du travail dans de bonnes conditions. En regardant d'un peu plus près, les chiffres montrent que la situation est la même pour une immense majorité des personnes qui cherchent du boulot (voir l'infographie ci-dessous).

J'ai publié ce matin une lettre ouverte à Myriam El Khomri, ministre du Travail pour lui demander de renoncer. Signez et partagez la lettre en cliquant ici !

N'hésitez pas à nous contacter pour en savoir plus,

A bientôt,

Caroline De Haas, militante féministe

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