Après la manifestation des identitaires à Aix en Provence.
Hier s'est déroulée à Aix une manifestation dans le plus pur style de l'extrême droite la plus sombre à la date anniversaire de l'accession d'Hitler à la chancellerie d'Allemagne.
Munis de flambeaux, comme les SA le 30 janvier 1933, les individus participants à la marche revendiquée par Génération identitaire sur Internet ont clamé leur amour de "l'identité aixoise", encadrés par la police.
Que les autorités, en plein état d'urgence laissent se dérouler pareille offense à la République est profondément scandaleux.Voilà plus d'un an que des groupuscules d'extrême droite sous diverses étiquettes : Jeunesses nationalistes, Génération identitaire, Action française, troublent l'ordre public à Aix : tentative d'incendie de local du PCF en pays d'Aix, agression de militants jeunes communistes, perturbation de rassemblement de militants des droits de l'homme, irruption dans une conférence à l'IEP puis menaces de mort sur un parlementaire socialiste et coup porté à son collaborateur.
Maintes plaintes déposées et à ce jour, aucune suite concrète. Ces mêmes personnes peuvent donc parader en toute quiétude, emmenées par un identitaire candidat pour le Front national lors des dernières départementales et crier leur amour de Guillaume de Provence "libérateur de la Provence face aux Sarrasins" !
Nous réitérons notre demande de dissolution de tous les groupuscules violents, et en appelons aux autorités pour qu'un terme soit mis aux provocations comme aux actes répréhensibles. À peine maquillée derrière des revendications "culturelles", cette manifestation raciste est une injure aux habitantes et aux habitants d'Aix, notre ville qui compte sur ses monuments aux morts bien des noms de résistants, parmi lesquels de nombreux communistes.
Aix doit être une ville ouverte et fraternelle. Nous ne les laisserons pas faire.
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Aix-en-Provence. Exactions « françaises » dans l’impunité
Les membres de groupes d’extrême droite multiplient les agressions sur des citoyens, militants et élus. Une marche identitaire a eu lieu samedi semant un peu plus le trouble.
Ce n’est pas un hasard si la centaine de jeunes d’extrême droite a défilé samedi 30 janvier dans les rues d’Aix à l’appel de Génération identitaire, flambeaux et slogans à l’appui. Avançant des revendications culturelles pour maquiller une marche « promotionnelle » là où le groupuscule prône en fait la haine et la terreur.
« Le 30 janvier », rappelle le communiqué de la section communiste locale, qui exige la dissolution de ces groupuscules violents, « est la date anniversaire de l’accession d’Hitler à la chancellerie d’Allemagne ». Un fait d’autant plus troublant que la manifestation aixoise a obtenu l’accord préfectoral et était encadrée ce soir-là par la police municipale : « Que les autorités, en plein état d’urgence, laissent se dérouler pareille offense à la République, est profondément scandaleux », dénoncent les communistes qui ont réagi aussitôt.
Cette marche lancée par Jérémy Piano (candidat FN aux dernières élections départementales), si « tranquille » apparaisse-t-elle, vient s’ajouter à une liste d’agressions en recrudescence dans la cité du Roy René, par des groupuscules gémellaires notamment l’Action française. En quelques mois, les exactions -répréhensibles pourtant- se sont multipliées : tentative d’incendie de local du PCF à Aix, agression des jeunes militants communistes, perturbation de rassemblement des militants des droits de l’Homme (cercle de silence), irruption dans une conférence à l’IEP, mais aussi menaces de mort sur le Député socialiste Jean-David Ciot et nombreux coups portés à son attaché parlementaire, au directeur du Théâtre d’Aix, ou encore sur des citoyens lambda.
Que fait la police ?
En tout, plus d’une dizaine de plaintes déposées au commissariat d’Aix depuis un an mais demeurées sans suite malgré les expertises médicales, les ITT (incapacités temporaires de travail) subies par les victimes, les films et témoins prouvant l’agression des responsables démasqués et ce sans parler des distributions de tracts incitant à la haine, en toute impunité, du côté des allées Provençales, chaque samedi matin.
Un climat d’autant plus délétère que tous ces groupuscules de Génération identitaire à l’Action Française se targuent sur les réseaux sociaux de participer à des manifestations fascisantes en Allemagne notamment.
Quelques semaines après la demande de dissolution de l’Action française (faction dont les membres s’affichent avec ceux du Front national et de Génération identitaire, par le Député socialiste Jean-David Ciot, la question de la préhensibilité des groupuscules néo-fascistes est plus que d’actualité. D’autant plus dans une République qui entend se prémunir de toute forme de menaces terroristes et où la réponse du Ministre de l’Intérieur est toujours vivement attendue.
Houda Benallal (La Marseillaise, le 1er février 2016)
Maquillage culturel pour une marche identitaire « raciste »
En mettant la culture provençale en avant de leur marche samedi soir, les militants de Génération identitaire ont voulu maquiller le réel motif extrémiste, célébrant le libérateur, Guillaume de Provence (955-993) ou s’appropriant Frédéric Mistral(1830-1914) dans la même confusion…
Mais pour le spécialiste Hervé Guerrera et élu du Partit occitan, l’histoire provençale est ici galvaudée : « Aix a été capitale de Provence de 2 siècles après Guillaume de Provence. Si ces jeunes en font une icône c’est parce que ce descendant de Boson, qui était avant tout le comte d’Arles, a combattu les Sarrasins. » Et de préciser : « Si ces jeunes se revendiquent de l’identité provençale, c’est faux, car l’identité provençale est héritière des démocraties grecque et romaine dans sa forme la plus originale, d’où les agoras, forums, etc. Il y a toujours eu en Provence une forme de liberté communale. »
Une marche identitaire que l’élu de l’opposition, membre du Groupe « Démocratie pour Aix » (DPA), n’est pas le seul à dénoncer. Lucien-Alexandre Castronovo, qui siège dans le même Groupe, réagit : « Lorsque les militants de l’Action française agressent, ils sont camouflés. Samedi soir, les jeunes identitaires très proches de l’AF défilaient à visages découverts pour banaliser leur message, ce qui est très inquiétant. Ces nouvelles formes de résurgences de l’extrême droite sont à suivre de plus près par les autorités. »
Et alors que du côté de la police, certains murmurent leur indignation face à la lenteur de traitement des plaintes déposées, la section du Parti communiste aixois dénonçait hier : « Maintes plaintes et à ce jour, aucune suite concrète. Ces mêmes personnes peuvent donc parader en toute quiétude, emmenées par un identitaire candidat pour le FN lors des dernières départementales et crier leur amour deGuillaume de Provence "libérateur de la Provence face aux Sarrasins" » ! « À peine maquillée derrière des revendications "culturelles", cette manifestation raciste est une injure aux habitantes et aux habitants d’Aix. »
Houda Benallal (La Marseillaise, le 1er février 2016)
À savoir
1 an d’agressions par les militants de l'Action Française qui ont roué de coups des jeunes communistes, perturbé un cercle de silence et une réunion contre le FN à l’IEP, frappé une jeune femme, menacé de mort un Député socialiste, porté de nombreux coups à 6 militants et citoyens. En tout, plus de 10 plaintes déposées.
Parti socialiste. Les élus socialistes de Marseille dénoncent les liens du Maire de secteur Front national, Stéphane Ravier, avec le groupuscule fasciste de l’Action Française. Celui-ci soutenait que « les militants de l’AF sont exemplaires » et qu’il est « très heureux et très fier de ces jeunes gens ». Pour les élus PS, « Stéphane Ravier doit désormais s’expliquer sur ses liens avec ces prédicateurs de la haine ».
Dissolution. Exigée d’abord par les communistes il y a plus d’un an, la dissolution de l'Action française a été demandée le 2 décembre 2015 par le Député PS Jean-David Ciot auprès du Ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, suite aux agressions du groupuscule à l’Institut d’études politiques, interrompant une conférence organisée par le PS. La réponse du Ministre est toujours attendue.
La Marseillaise, le 1er février 2016
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