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19 janvier 2016 2 19 /01 /janvier /2016 09:45

Intervention d'Ismaël Dupont, secrétaire départemental du Finistère, au Conseil National le samedi 16 janvier place du Colonel Fabien:

Les régionales en Bretagne ont donné des résultats très décevants pour nous malgré le talent et l'abnégation de nos candidats, Xavier Compain au premier chef, et malgré l'unité du Front de Gauche, obtenue avec difficulté pour ce qui est de la participation du Parti de Gauche, ce qui nous a fait partir en campagne très tard. La participation de deux anciens élus régionaux PCF à la liste de Le Drian au premier tour, décisions individuelles prises contre la volonté exprimée de 90 % des adhérents, a semé aussi un certain trouble. Xavier Compain a su faire du commun au niveau des communistes et du Front de Gauche. Nos 3,8 % démentaient les 5 ou 6 % dont nous créditaient les sondages quelques jours avant. Ces résultats s'expliquent par la surexposition de Le Drian, ministre de la défense, dans le contexte post-attentats, par l'évacuation du pluralisme et du débat régional dans les médias mais aussi par l'éclatement, le manque de lisibilité et de visibilité positive du Front de Gauche, des flottements et désaccords stratégiques, l'absence de campagnes nationales du Front de Gauche en dehors des élections ces dernières années.

Jamais sans doute le risque d'effacement, de plongée dans l'insignifiance du PCF et de toute la gauche de transformation n'a été aussi grand.

L'enjeu pour moi, c'est d'éviter l'identification de la gauche au centre-droit libéral autoritaire de Hollande-Valls. De résister à la montée dans l'électorat populaire de l'abstention et du vote FN , qui apparaît de plus en plus comme un vote de classe non progressiste.

Nous avons besoin de reprendre pied sur le terrain avec des batailles idéologiques et sociales en lien avec les urgences vécues et ressenties par la population en donnant de la perspective en terme de projet, de propositions concrètes, sans rester prisonnier d'un agenda gouvernemental et parlementaire qui nous situe dans une posture de réaction oppositionnel. Nous devons reprendre l'offensive.

Il nous faut je crois travailler à clarifier et muscler notre projet en le définissant comme alternative cohérente et globale à la domination du capitalisme européen et international. Aujourd'hui, il me semble qu'une bonne partie de notre divorce avec les classes populaires vient du verrou qu'oppose l'Europe à tout changement progressiste et du fait que l'horizon de l'Europe sociale ne convainc pas nos électeurs potentiels, l'euro et l'Europe étant perçus comme des outils de mise en concurrence et des obstacles démocratiques. Je crois qu'il faut repenser une rupture passant par le travail sur des propositions de transformations structurelles comme le contrôle des banques, des sociétés d'assurance, des grandes entreprises et services publics d'intérêt social. Ne pas hésiter à parler de nationalisations, définies de manière plus exigeantes qu'en 1981.

Il faut aussi reprendre le chemin d'un discours et de lutte des classes. Rassembler, non pas seulement le plus petit dénominateur de l'union républicaine et progressiste, mais sur la révolte, sur l'idée que cette société inégalitaire et brutale, cette société post-démocratique de privilèges, est odieuse et qu'une autre société, de partage des richesses, est possible.

Dans notre communication, il me semble qu'il faut, un peu comme nous l'avons fait en 2012, en y association des propositions ambitieuses impliquant une autre utilisation de l'argent, un autre partage des richesses, de nouvelles branches des services publics et de la protection sociale.

Je pense en particulier à trois priorités sur lesquelles nous pouvons rencontrer l'adhésion et l'intérêt des gens :

- le chômage et la précarité des jeunes. L'égalité d'accès aux études. Une formation et une éducation délivrées des logiques libérales.

- le financement de l'hôpital public que l'on est en train de détériorer très gravement aujourd'hui. Pendant la campagne des régionales, nous avons organisé une réunion publique sur ce thème avec la participation de syndicalistes de l'hôpital de Morlaix et souhaitons aujourd'hui créer un comité de défense de l'hôpital.

- l'abandon des personnes âgées : il nous faut dénoncer le sous-effectif et la maltraitante institutionnelle dans les structures d'hébergement malgré le dévouement des personnels, le sous-financement et la désorganisation de l'aide à domicile, le retour de la misère chez les vieux à petite retraite : il faut exiger la mise en place de réformes de structure immédiates et d'un vrai plan de financement pour bâtir une société de tous les âges et créer une cinquième branche de la Sécurité sociale financée en partie par une ponction des profits pour financer l'accès effectif au droit à l'autonomie pour tous et la prise en charge des personnes âgées.

Intervention d'Ismaël Dupont au CN le dimanche 17 janvier :

Je voudrais alerter comme d'autres camarades avant moi sur les risques du mouvement de balancier pour le brouillage de la lisibilité du projet du PCF, s'il y avait remise en cause de la stratégie politique que sous-tendait le Front de Gauche. L'élargissement et le dépassement du Front de Gauche, pourquoi, son abandon par contre risquerait de déboussoler beaucoup de militants et de sympathisants. Il y a selon certains un large consensus sur l'échec du Front de Gauche. Cet échec est en effet patent par rapport aux objectifs initiaux que l'on s'était donné avec le Front de Gauche et aux espoirs qu'il avait naître, ambitions plus ou moins optimistes :

- devenir majoritaire à gauche

- lutter contre l'hégémonie du PS à gauche

- détourner le PS de son évolution libérale-démocrate

- résister à la montée du FN dans l'électorat populaires

Toutefois, cet échec du Front de Gauche est à nuancer.

Que ce serait-il passer si nous ne l'avions pas créé ? 2012 a remis la rupture, l'insurrection citoyenne à l'ordre du jour et dans le débat public.

Le Front de Gauche a certes coïncidé avec une érosion de notre nombre d'élus mais il nous a permis de conquérir de nouveaux électeurs, de nouveaux militants, particulièrement dans des zones géographiques où nous avions une faible implantation.

Les régionales ne sont pas forcément représentatives de l'audience du Front de Gauche sur les dernières élections. Aux dernières départementales, dans le Finistère, la moyenne des résultats du Front de Gauche, là où nous avons pu présenter des candidats, était de 9 %. A Morlaix, le Front de Gauche a réalisé 15,5 % aux présidentielles, 15,5 % aux municipales en 2014. Le PCF dans la dynamique de 2012 a gagné dans le département de 15 à 20 % d'adhérents en plus. Le Front de Gauche dans une certaine mesure a contribué à nous rendre à nouveau audibles et utiles.

Par rapport à l'idée de soutien à des primaires à gauche, j'ai des interrogations. Des primaires supposent l'adhésion à un minimum de projet commun et ensuite on choisit le candidat le plus indiqué pour faire gagner ce projet.

Rassembler à gauche. Évidemment c'est une nécessité, mais avec qui ? Sur quelle base ? En accompagnement ou non des politiques capitalistes, libérales, européennes.

J'ai peur qu'en officialisant notre adhésion à l'idée de primaire à gauche, on précipite l'effacement du Front de Gauche déjà bien entamé et notre réorientation sur une stratégie de gauche plurielle.

Certes, conserver un groupe à l'Assemblée et au Sénat à l'issue des élections de 2017 est un vrai enjeu, mais il y en a d'autres.

Or, le capitalisme financier et l'Europe libérale rendent inefficaces et obsolètes le projet social-démocrate.

S'il devait y avoir des Primaires à gauche, ce qui est très hypothétique, et auxquelles nous participerions, cela voudrait dire quelque part engagement à soutenir le candidat et son projet issus des primaires. Or, si, comme c'est probable, Mélenchon et le NPA se présentent au 1er tour des présidentielles contre un éventuel candidat commun de la gauche, qui aurait toute chance de venir du PS, vers qui vont se tourner nos électeurs ? Nos militants ? Qui incarnera la voie de l'autre gauche, de la tradition révolutionnaire ? Je crois qu'on se mettrait en porte-à-faux d'une grande partie de notre électorat qui considère aujourd'hui que le PS mène une politique de droite.

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