Voici l'analyse d'un ancien délégué CGT du Crédit-Mutuel Arkéa sur les enjeux de la manifestation pour l'emploi du 24 janvier soutenue par le PS, l'UDB et d'autres, et sur les mouvements d'alerte en cours au Crédit Mutuel Arkéa:
CMB-Arkéa et « Vent Debout »
2008, Jean-Pierre Denis prend les rennes du groupe CMB-ARKEA (Bretagne, Clermont-Ferrand et Bordeaux).
Il était jusque là au cabinet de Chirac à la mairie de Paris puis au cabinet de Sarkosy à l’Elysée. Avant son arrivée, la rémunération des dirigeants du CMB ne dépassait pas 100 000€.
Depuis lors, la rémunération de JP Denis est passée à plus du million d’euros.
Son ambition, dès son arrivée, était de prendre la place de Michel Lucas, président de la confédération du CM et du CM 11-CIC. Il s’est vite rendu compte qu’il n’y arriverait pas.
Le CM11( Strasbourg, Paris, Lyon, Marseille, Valence, Toulouse, Nantes, Laval, Chateaudun, Evian et Arras) pèse, à lui seul, plus de 60% du bilan global du Crédit mutuel et possède, à ce titre, la majorité absolue au niveau de la CNCM.
Courant 2009/2010, JP Denis décide de créer la SCD (Société des Cadres de Direction) qui devient prestataire de service du CMB et de ses filiales et a tout loisir d’être prestataire pour n’importe quelle autre entité. Les rémunérations ne sont donc plus décidées et versées par le CMB, Mais par cette SCD.
JP Denis s’affranchit alors de toute participation au conseil d’administration de la CNCM et s’insurge contre la situation de concurrence du CIC sur le territoire d’activité du CMB-ARKEA ; (Rappelons que le CIC est contrôlé par le CM11).
Il entame, alors, un bras de fer avec la CNCM, visant à être totalement indépendant de cette dernière, tout en conservant la marque Crédit Mutuel.
Déjà, Arkéa possède sa propre informatique, ses propres filiales d’assurances (vie et iard), de banque en ligne (Fortunéo).
Il estime donc pouvoir se passer de la CNCM qui n’avait, jusqu'à présent, qu’un pouvoir de contrôle à posteriori par l’intermédiaire de l’inspection confédérale. M Lucas, se saisit d’une anomalie de statut de la CNCM (loi 1901) qui ne permet pas à la Banque Centrale Européenne de contrôler son fonctionnement, pour bâtir un statut coopératif, plus conforme aux réglementations européennes.
Les représentants du CMB Arkéa ne participent pas, volontairement, à la rédaction de ces nouveaux statuts qui organisent la vie et les décisions du groupe au plan national, mais précisent également les règles de subordination en matière de gestion, d’investissements, de ratio prudentiel des fédérations vis à vis de la CNCM. Nous en sommes là aujourd’hui.
Sentant le rapport des forces lui échapper, JP Denis instrumentalise une association baptisée Vent Debout pour l’Emploi, crée par lui, financée par la direction du CMB.
Sous prétexte d’un abandon du pouvoir de décision du CMB, cette « association » alarme les élus politiques en demandant leur soutien et communique sur les risques de suppressions d’emplois au sein d’Arkéa.
Les salariés des caisses et du siège subissent une pression énorme pour adhérer à cette association et participer à une manif organisée le 24 janvier 2015.
Il s’agit d’une véritable manipulation des esprits.
En effet qui peut comprendre qu’une entreprise qui choisit de quitter un réseau national puisse le faire en conservant le nom de cette marque ?
Il existe au sein du CM national, une obligation de solidarité interfédérale.
En prenant la décision de se séparer de la CNCM, le CMB-Arkéa ne bénéficie plus de cette solidarité. Il se trouve donc, vu sa taille, dans l’obligation de présenter des ratios de gestion des risques draconiens, ce que ne manquera pas de lui imposer la BCE.
En résumé : La guerre des chefs entre Denis et Lucas se transforme en un conflit grave, économique et politique qui n’a que très peu d’impact sur la CM11-CIC du fait de sa taille, mais qui conduit le CMB a se fragiliser gravement. Seul, le CMB-Arkéa tiendra difficilement et ce sont les salariés qui en ferons les frais. Le seul responsable en est JP Denis qui, lui, pourra se vendre ailleurs.
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"La Direction veut mettre aujourd’hui les salarié-es et leurs organisations syndicales dans la logique du « tous dans le même bateau » alors qu’hier, en créant la SCD, elle a quitté ce même bateau pour voguer sur son propre yacht de luxe. Elle prépare ainsi le terrain à trop de renoncements dont nous avons déjà eu quelques exemples avec la suppression du MPA et le détricotage en cours de la convention collective. Cette logique n’est pas la nôtre."
(CGT Crédit Mutuel-Arkéa)
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Voici une Communication de la CGT du Crédit Mutuel de Bretagne - Arkéa
Vous n'êtes pas sans savoir, vu la débauche de communications internes et externes et la mise en mouvement de tous les réseaux du CMB que le 24 janvier aura lieu une manifestation pour "sauver l'emploi" à l'initiative d'un collectif de salariés appelé "vent debout pour l'emploi".
A ce jour seule la CFDT (et le siège uniquement, traduisant de réelles divergences d'appréciations) appelle à cette journée, ni le SNB, ni l'UNSA, ni la CGT de l'entreprise ne le font.
La direction a largement contribué à aggraver la situation conflictuelle (très ancienne) qui existe au sein du Crédit Mutuel : à commencer par toute une série de plaintes contre la confédération déposées il y a un peu plus d'un an.
Le collectif en question est apparu comme par hasard dès le lundi qui a suivi les réunions dites d'automne ou la direction a soigneusement annoncé aux salariés qu'un coup de force de la confédération était en préparation (Il s'agit en fait d'une modification de statuts ... demandée par la BCE, nouvelle autorité de contrôle des banques ; statuts qui, d'ailleurs, avaient été mis en exergue comme non conformes dans une des plaintes du CM Arkea).
Avec une débauche de moyens et un soutien sans faille de la direction, les initiateurs du collectif ont mis le paquet pour mobiliser les salariés et générer du stress chez certains salariés du Siège, mais aussi pas mal d'agacements chez d'autres . Je pense qu'il faut comprendre tout ce remue ménage, avec un discours catastrophiste sur l'emploi, comme une volonté de mettre les pouvoirs publics devant le fait accompli et ainsi de les faire entériner une séparation fortement souhaitée par notre belle direction qui veut avoir les coudées franches pour se développer sur tout le territoire national, voir internationale. Le 24 janvier dans ce contexte n'est ni plus ni moins que d'une manif de soutien à la direction du CM Arkea où l'on reverra d'ailleurs Armorlux avec cette fois ci des bonnets rouge et gris (couleur crédit mutuel) et, cerise sur le gâteau, une distribution de pâté Hénaff en prime ... Bien sûr de nombreux salariés seront présents et on peut le comprendre compte tenu du matraquage qui est fait.
Vous trouverez ici un article de René Perez assez équilibré sur les enjeux : http://www.bretagne-bretons.fr/cmb-arkea-bras-de-fer/
La CGT du Crédit Mutuel Arkéa n'appelle pas à cette journée
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