L'Unité n°29, journal communiste de la section de Concarneau, numéro spécial référendum rédigé par les enseignants de la Fédération Sud-Finistère du PCF (p. 4) - archives Pierre Le Rose
Le Beffroi, mars 1972: bulletin de la cellule du centre-ville de Concarneau (Archives Pierre Le Rose)
Le référendum organisé par Georges Pompidou le 23 avril 1972 portait sur l'adhésion de la Grande-Bretagne, du Danemark, de l'Irlande, et de la Norvège aux Communautés Européennes. Dans les motifs du référendum, Pompidou écrivait, liant explicitement l'accord des français pour l'adhésion de nouveaux Etats à un accord global sur les orientations prises antérieurement sans consultation en terme d'intégration européenne: "Jamais le peuple français n'a été consulté sur l'Europe. Le traité de Rome, qui a créé la Communauté Economique, avait été signé et ratifié à l'époque où le référendum n'était pas dans les usages de la République et où les gouvernants étaient conduits à décider sans vous consulter. Or, qui ne voit que la construction de l'Europe constitue pour notre pays un choix capital dans tous les domaines? ... En vous demandant d'approuver la politique européenne de la France, je vous demande d'approuver les orientations dessinées dès la conférence de la Haye, lorsque les six signataires du traité de Rome ont à la fois accepté de rouvrir la négociation avec la Grande-Bretagne, adopté définitivement et irrévocablement le Marché Commun agricole, choisi de s'engager sur la voie de l'union économique et monétaire, et sur la voie de la coopération politique. En donnant votre accord à l'adhésion de quatre nouveaux Etats, vous confirmerez toutes les orientations et le cadre que j'ai fixé pour l'action de la France... Il s'agit de décider que, par l'union économique et monétaire, l'Europe des Dix poursuivra son développement économique et social, assurant le plein emploi, le relèvement du niveau de vie et l'amélioration des conditions de travail, affirmera sa personnalité propre et fera entendre sa propre voix dans ses rapports avec toutes les grandes puissances sans exception".
Le Parti Communiste est la seule force politique à faire campagne à cette époque pour le Non au référendum, contre "l'Europe du grand businnes". Le NON emportera 32% des suffrages exprimés.
"En disant OUI le 23 avril, écrit-on dans "L'Humanité" du 11 avril 1972, assurent M. Pompidou et ses ministres, vous direz OUI au progrès social, OUI à l'"Europe populaire". "L'Humanité" a déjà montré que l'Europe du marché commun, c'était en vérité l'Europe du chômage..."L'Humanité" a également publié le document Mansholt qui dévoile le véritable objectif "social" de l'Europe pompidolienne: provoquer "un net recul du bien-être des habitants de la Communauté" pour sauvegarder un taux de profit satisfaisant aux monopoles. Ces monopoles, c'est dès aujourd'hui qu'ils sont à l'oeuvre au sein même des organismes de marché commun. En apparence, ce sont des ministres et des "technocrates" qui prennent à Bruxelles les décisions qui affectent le sort de dizaines de millions d'ouvriers, de paysans, d'ingénieurs, de commerçants. En réalité, ce sont les plus grandes firmes capitalistes qui font triompher leurs choix, leurs vues, leurs intérêts - et cela par l'entremise de "groupes de pression" qui ont pignon sur rue et dont l'activité est débordante. Parfois, c'est le gouvernement d'un des pays membres du Marché Commun qui prend lui-même "l'affaire" en main pour le compte d'une grande firme".
Sous le titre qui n'a pas pris une ride: l'Europe des travailleurs et des peuples, d'accord, Non à l'Europe des capitalistes!
Le journal de la section PCF de Concarneau ne dit pas autre chose tout en signalant que son parti-pris n'est pas celui du souverainisme (terme qui n'existe pas à l'époque) ou du chauvinisme.
Appel des jeunes et des étudiants de France pour le Non au référendum européen de 1972 (archives Pierre Le Rose)
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