Par Patrick le Hyaric, directeur de l’Humanité : "En s’attaquant au droit du sol et à la nationalité, le pouvoir exécutif vient de basculer dans le déshonneur. "
C’est tout l’inverse du programme présenté aux Français par le candidat François Hollande.
Aux choix sécuritaires extrêmement inquiétants pour les libertés individuelles et collectives symbolisés par l’inscription de l’état d’urgence dans la Constitution s’ajoute donc l’infamie d’une mesure racialiste et identitaire qui balafre le visage de la République laïque et universelle.
En inscrivant dans la Constitution la possibilité de déchoir de leur nationalité les binationaux, le président et son premier ministre viennent de créer deux catégories de citoyens. Au-delà du caractère ridiculement inefficace de la mesure pour lutter contre le terrorisme, le symbole envoyé effraie.
Qui peut croire qu’un terroriste puisse craindre d’être déchu de la nationalité française ? C’est avoir peu confiance en notre République, sa police et sa justice que d’envoyer dans un pays tiers un terroriste ou présumé tel au lieu de l’incarcérer dans notre pays.
Le gouvernement a donc décidé de placer les idées et propositions de la droite extrême et de l’extrême droite au cœur du débat public et de leur donner corps dans les principes constitutionnels. Ils accélèrent ainsi leur ascension à quelques encablures des élections législatives et présidentielle. Il s’agit soit d’une minable manœuvre politicienne sur le dos des principes républicains pour conserver le pouvoir, soit d’un choix idéologique profond.
La situation est très inquiétante. La République, ses principes, ses valeurs, ne sont aujourd’hui plus défendus. François Hollande adresse une gifle à toutes celles et ceux qui l’ont porté à la tête de l’État. Nous pensons à cette France diverse et colorée aujourd’hui pointée du doigt par un gouvernement qui se dit de gauche.
Nous devons et devrons redoubler de solidarité avec les millions de Français ainsi stigmatisés en raison de leurs origines. C’est à la résistance morale et politique qu’il va désormais falloir s’atteler pour préserver la République des démons identitaires qui la consument à grand feu.
commenter cet article …