Paca. L’héritière du clan Le Pen capitalise sur les peurs
Plus de 40% des voix pour la candidate FN. Une droite en difficultés jusque dans ses fiefs. Sous pression nationale, le PS renonce au second tour et interdit ainsi à toute la gauche de concourir.
Marée brune sur Provence-Alpes-Côte d’Azur. La candidate du Front national (41,2%) fait nettement la course en tête dans les six départements de la Région. La droite qui s’était donnée comme tête de liste Christian Estrosi (26,7%), représentant de son aile dure en espérant endiguer le vote FN est confrontée a une importante déconvenue. Même dans le Var, où la droite domine une écrasante majorité de collectivités, elle arrive avec 27,6%, 17 points derrière la liste de l’héritière du clan Le Pen, en tête à 44,6%. Capitalisant à plein sur les peurs et la haine des autres, en premier lieu après l’onde de choc post-attentats, Marion Maréchal-Le Pen n’a pas fait mentir les sondages qui la plaçaient dans la dernière ligne droite au dessus des 40%.
Dans le fief de Christian Estrosi, les Alpes Maritimes, la tête de liste du FN se paye même le luxe de le devancer d’un cheveu à 37,91% contre 37,90%.
Dans le Vaucluse où Marion Maréchal-Le Pen est Députée, elle engrange 44,2% malgré la concurrence de Jacques Bompard Député-maire d'extrême droite d’Orange qui réalise 4,2% des voix dans ce département. La droite vauclusienne qui a raflé le Conseil départemental en mars dernier au bénéfice de l’âge voit son électorat littéralement siphonné par l’extrême droite et finit en 3e position à 17,9% derrière la liste socialiste à 18,3%.
Le PS en chute libre
En chute libre par rapport à 2010, deux ans avant l’élection de François Hollande, le PS est en dessous de la barre des 20% dans quatre des six départements de la Région. Dans les Hautes-Alpes Christophe Castaner réunit 23% des suffrages et dans son département d’élection, les Alpes-de- Haute-Provence, il frôle les 30%, plus de 10 points devant la liste de Christian Estrosi (19,1%) mais derrière le FN (34,9%).
Dans les Bouches-du-Rhône, où l’influence socialiste est ancrée dans l’histoire électorale, la défaite des départementales s’accentue avec un PS autour de 17%. La droite qui, en revanche, était en position de force après les municipales de 2014 et la conquête du Conseil départemental en mars 2015, plafonne à 21,5% des suffrages (d'après des résultats partiels) 20 points derrière le FN emmené dans les Bouches-du-Rhône par le Sénateur-Maire des 13e et 14e arrondissements de Marseille : Stéphane Ravier.
Après une première déclaration appelant au rassemblement des progressistes, Christophe Castaner, déclare forfait pour le second tour sous la pression nationale de Jean-Christophe Cambadélis, Premier Secrétaire du PS, interdisant de fait à l’ensemble de la gauche de concourir.
Le Député-Maire de Nice, ancien Ministre de Nicolas Sarkozy, fidèle à la ligne de l’ancien chef de l’État, n’a pas appelé la gauche à faire front face à l’extrême droite, contrairement à Renaud Muselier, tête de liste dans les Bouches-du-Rhône et à plusieurs élus Marseillais qui se réjouissaient en coulisses du retrait décidé par Solférino.
L’alliance d’Europe écologie les Verts et du Front de gauche qui rate son pari d’un score à deux chiffres avait pourtant appelé à une fusion pour affronter les idées de l’extrême droite au second tour et en cas de défaite, pendant 6 ans dans l’hémicycle régional. L’expérience des municipales de Fréjus mais aussi du Pontet, où la gauche s’était dérobée face à un Front national très fort sans pour autant empêcher sa victoire au second tour, plaidait -selon les candidats de la liste EELV-FdG- pour un choix de « courage » permettant d’affronter jusqu’au bout le Front national.
Manque de dynamique dans la gauche alternative
Avec un binôme inédit de têtes de liste : Sophie Camard et Jean-Marc Coppola, cette union n’aura pas su entraîner la dynamique de gauche escomptée. Enregistrant un score de 6,6% au plan régional, la liste la Région coopérative souffre d’un résultat en dessous des 5% dans le Var et dans les Alpes-Maritimes. Elle réalise son meilleur score dans les Hautes-Alpes avec 9,4% et dans les Bouches-du-Rhône avec un résultat de 8,5%. 2 ou 3 points de l’électorat écologiste semblent s'être portés sur la liste écolo-centriste de Jean-Marc Governatori qui réunit 4,2% des suffrages au plan régional contre 2,3% pour une liste équivalente en 2010.
Les autres listes sont marginalisées en dessous de la barre des 2% comme celle de Debout la France conduite par Noël Chuisano (2%), celle de Lutte ouvrière incarnée par Isabelle Bonnet (1,4%), celle de la Ligue du Sud incluant des dissidents FN derrière Jacques Bompard (1,2%), puis celle de Cyril Jarny de Nouvelle donne (0,6%), au même niveau que celle de l’Union populaire et républicaine conduite par Daniel Romani.
Malgré la configuration du second tour : un duel Marion Maréchal-Le Pen - Christian Estrosi, la victoire du second semble loin d’être assurée. Son profil répulsif pour l’électorat de gauche et la dynamique indéniable de la liste FN pourraient l’empêcher de s’asseoir sur le fauteuil de Président du Conseil régional, occupé depuis 18 ans par le socialiste Michel Vauzelle. Une chose est sure en revanche : pour la première fois depuis sa création le Conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur ne comptera plus aucun élu de gauche au soir du second tour.
Léo Purguette (La Marseillaise, le 7 décembre 2015)
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