Manuel Valls fait le choix de la droite au Venezuela
Les déclarations du premier ministre Manuel Valls félicitant la droite vénézuélienne pour sa victoire aux élections législatives du 6 décembre dernier sont une forme d'ingérence et un geste d'arrogance à l'égard du gouvernement d'un pays ami avec qui la France a de bonnes relations.
Cet acte inacceptable n'est pas le premier de la part de Manuel Valls vis-à-vis du Venezuela. Déjà le 15 octobre dernier, en pleine campagne électorale pour ces élections législatives, le premier ministre français a apporté son soutien à la droite vénézuélienne dans ses déclarations alors qu'il recevait l'épouse de l'un des dirigeants de la coalition d'opposition aujourd'hui emprisonné pour son rôle dans l'organisation des manifestations violentes visant la chute du président Nicolas Maduro* qui venait d'être élu.
Le message de Manuel Valls est en complète contradiction avec la ligne de respect à l'égard des pays de l'Amérique latine que le ministre Laurent Fabius avait annoncée en 2013 lors de ses premiers déplacements dans cette région. Manuel Valls s'arroge des prérogatives qui ne sont pas les siennes alors que le ministère des Affaires étrangères n'a pas jusqu'ici choisi de s'exprimer au sujet de cette élection.
Le chef de l'Exécutif français fait le choix de soutenir une opposition qui s'apprête à démanteler les conquêtes sociales au Venezuela de ces dernières 15 ans en s'attaquant au droit au travail, au droit à la santé, au droit à la retraite, au droit à l'éducation. Le peuple vénézuélien et les forces démocratiques et de progrès du pays apprécieront... mais savent qu'ils peuvent compter sur la solidarité du Parti communiste français dans leur combat de transformation sociale.
* Rappelons que avant l'élection de Maduro d'une courte tête le 14 avril 2013 face à Henrique Capriles à l'élection présidentielle, le parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV) de Chavez avait remporté 18 des 21 scrutins organisés au Vénézuela entre 1998 et 2015, signe évidemment de la défiance que lui vouait le peuple vénézuélien dans un contexte où la plupart des médias étaient contrôlés par la droite et les intérêts capitalistes. La coalition de la gauche de gauche au pouvoir obtenait systématiquement entre 40 et 50% des voix à chaque scrutin. A partir de 2003, Chavez a utilisé les fonds du pétrole pour financer des "missions sociales" (programmes sociaux de luttes contre les inégalités) qui ont permis de faire diminuer la pauvreté, laquelle est passée de 43% en 1999 à 30% en 2013, selon l'Institut national de la statistique, mais aussi d'augmenter le pouvoir d'achat des plus démunis et entraîné une hausse de la demande intérieure. En 2003, Chavez a aussi mis en place un contrôle des changes. Soucieux de maintenir le pouvoir d'achat des plus pauvres, Chavez a privilégié un taux de change apprécié de manière à réduire le coût des importations.
(source Alternatives Internationales, janvier 2016).
Internationalement, Chavez et son parti ont contribué à organiser l'auto-détermination de l'Amérique Latine et à la débarrasser de la tutelle impérialiste américaine, ils soutenaient aussi l'économie cubaine confrontée au boycott américain, et toutes les gauches en Amérique Latine, grâce à la manne pétrolière.
La défaite de Maduro s'explique, outre par des motifs de mécontentement comme l'insécurité, l'usure du pouvoir, des scandales de corruption et la violence des luttes de classe et politiques créant un certain autoritarisme dans un contexte d'affaiblissement, par la crise économique liée à la baisse des prix du pétrole de 2009 à 2015, amenant le gouvernement à s'endetter pour soutenir les programmes sociaux.
En demandant à la banque centrale de racheter les dettes de l'entreprise pétrolière d'Etat, ce qui a crée de l'inflation, l'Etat demandant alors aux entreprises de contenir leurs prix pour maintenir le pouvoir d'achat des vénézuéliens, ce qui a provoqué une faillite de certaines d'entre elles et une pénurie de produits de base. Les tensions avec la Colombie pro-américaine ont aussi joué un rôle anxiogène. La baisse de la valeur réelle des salaires liée à une inflation des fortes explique aussi sans doute la victoire du candidat libéral, qui n'est certes pas une bonne nouvelle pour le peuple vénézuélien et latino-américain, même si l'alternance fait partie de la démocratie.
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