Le 19 novembre à 18H
La librairie Dialogues en partenariat avec la LDH reçoit Marie José Chombart de Lauwe dont voici une petite biographie.
Auteur d’une passionnante autobiographie intitulée Résister toujours , Marie-José Chombart de Lauwe, née le 31 mai 1923 sous le nom d’Yvonne Wilborts, a de qui tenir : un grand-père auteur d’un livre à la gloire des Polonaises insurgées contre l’occupation russe tsariste ; des parents, pédiatre et infirmière, engagés dès 1914 pour soigner sur le front .
Arrêtée en mai 1942 Adolescente, elle a une certitude : « Je ferai quelque chose de ma vie. » Après la capitulation de Pétain, elle entre avec sa mère dans la Résistance sous le nom de Marie-José, son second prénom. À 17 ans, elle sait qu’elle risque sa vie.
Comme d’autres membres du réseau Georges-France 31, mère et fille sont arrêtées en mai 1942, séparées et mises à l’isolement. « À la prison de la Santé à Paris, heureusement, j’ai connu une qualité humaine extraordinaire avant l’horreur du camp. »
En juillet 1943, déportée à Ravensbrück, Marie-José devient le matricule 21706. Commencent la faim, le travail forcé, les coups des kapos qui ont droit de vie et de mort sur toutes les déportées « Nacht und Nebel » (Nuit et brouillard, catégorie de prisonniers qui doivent disparaître sans laisser de traces). « Il fallait s’adapter à la déshumanisation et, malgré ce qu’ils nous imposaient, la misère et la dégradation des corps, rester des êtres dans la dignité. La présence de ma mère était un soutien mais aussi une angoisse constante : âgée, elle pouvait à tout moment être emmenée ou gazée sur place. Nous restions des êtres pensants en chantant, en récitant des poèmes, en nous offrant de minuscules cadeaux qui pouvaient nous valoir la mort. »
Libérée le 22 avril En septembre 1944, on l’affecte à la Kinderzimmer où arrivent des nouveau-nés. « Les bébés y ont l’air de vieillards. Je découvre la mort quotidienne des enfants et le drame des mères. Mais c’est ma vocation, je dois sauver quelques vies. » Sur 600 bébés passés là, seuls 40 survivront. Après son transfert au camp de Mauthausen en mars 1945, Marie-José est libérée le 22 avril avec sa mère, mais elle apprend que son père est mort à Buchenwald.
À Paris, la vie reprend son cours. La jeune femme écrit pour elle-même ce qu’elle a vécu, entame des études en sciences humaines – l’influence de son mari, Paul-Henry Chombart de Lauwe, ethnologue, et de Germaine Tillion, qu’elle a connue à Ravensbrück.
Son aîné dans les bras, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, également rencontrée à Ravensbrück, lui souffle : « Tu verras, la vie nous est rendue quand on donne la vie. » Quand arrive son premier bébé, Marie-José se demande : « Vivra-t-il? »
Rassurée, elle aura trois autres enfants. Psychosociologue, elle consacrera sa carrière à l’enfance, créant une commission spécialisée à la Ligue des droits de l’homme, collaborant à la rédaction de la Convention internationale des droits de l’enfant adoptée par l’ONU en 1989. Travail de mémoire Elle ne s’engage que tardivement dans un travail de mémoire. Pendant la guerre d’Algérie, elle découvre, interloquée, que des militaires français pratiquent la torture et s’insurge publiquement, évoquant celle pratiquée dans les camps nazis.
À partir des années 1980, elle commence à témoigner auprès de collégiens et de lycéens de son expérience de déportée. Une mission qui s’accentue au fil des décennies, alors que les rescapés sont de moins en moins nombreux. Intellectuelle et militante des droits de l’homme, elle devient une fine observatrice de l’extrême droite sous toutes ses formes - activisme violent, négationnisme, façade démocratique – et met en garde contre l’aveuglement qui permettrait une répétition de l’histoire.
Son inspiration : « Liberté, égalité, fraternité » « J’ai toujours été très attachée à la Ligue des droits de l’homme, créée au lendemain de l’affaire Dreyfus. La base de mes actions est la volonté de maintenir les principes fondamentaux de la démocratie française : liberté, égalité, fraternité. Ces trois mots sont pour moi un point d’ancrage essentiel. Mussolini, Goebbels, l’idéologue nazi Rosenberg ont dit leur rejet de ces principes égalitaires. J’explique aux jeunes que je rencontre que j’ai résisté à leur âge parce que j’ai vu “Liberté, égalité, fraternité” remplacé sur les frontons de nos mairies par “Travail, famille, patrie”. »
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