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1 novembre 2015 7 01 /11 /novembre /2015 08:38
Hommage d'Alain David à Marie-Paule Kérebel lors de sa cérémonie d'adieu, le samedi 31 octobre

Hier, samedi 31 octobre à Saint Thégonnec, les obsèques civiles de Marie-Paule Kérebel au Centre Funéraire ont donné lieu à une cérémonie extrêmement poignante et forte avec des interventions de Daniel Ravasio, de Alain David, de Lucienne Nayet qui a lu un poème d'Aragon sur Picasso, l'art et la peinture, la passion de Marie-Paule, retraçant l'engagement et la personnalité de Marie-Paule Kérebel, adjointe communiste aux Affaires Sociales de 1977 à 2008 à Morlaix. De nombreux militants du Parti Communiste, du Mouvement de la Paix, de Morlaix Wavel et de l'AFPS, du Front de Gauche, la ministre Marylise Lebranchu, le député Gwenegan Bui, le conseiller départemental Jean-Paul Vermot, des anciens élus PS des majorités auxquelles avait appartenu Marie-Paule Kérebel étaient présents, comme bien sûr de nombreux amis et collègues de travail de cette femme formidable qui nous a quittés après un long combat contre la maladie. Son ancienne collègue à l'hôpital psychiatrique de Morlaix avec des mots très forts et très vrais quelle était la passion et l'éthique professionnelle de Marie-Paule.

Elise Kerebel, la fille de Marie-Paule, a lu un très beau poème de Prévert sur la mort et le deuil, et le pouvoir de renaissance de la vie: "Chanson des escargots qui vont à l'enterrement":

" L'enterrement d'une feuille morte

Deux escargots s'en vont

Ils ont la coquille noire

Du crêpe autour des cornes

Ils s'en vont dans le soir

Un très beau soir d'automne

Hélas quand ils arrivent

C'est déjà le printemps

Les feuilles qui étaient mortes

Sont toutes ressuscitées

Et les deux escargots

Sont très désappointés

Mais voilà le soleil

Le soleil leur dit

Prenez prenez la peine

La peine de vous asseoir

Prenez un verre de bière

Si le cœur vous en dit

Prenez si ça vous plaît

L'autocar pour Paris

Il partira ce soir

Vous verrez du pays

Mais ne prenez pas le deuil

C'est moi qui vous le dis

Ça noircit le blanc de l’œil

Et puis ça enlaidit

Les histoires de cercueils

C'est triste et pas joli

Reprenez vos couleurs

Les couleurs de la vie

Alors toutes les bêtes

Les arbres et les plantes

Se mettent à chanter

A chanter à tue-tête

La vraie chanson vivante

La chanson de l'été

Et tout le monde de boire

Tout le monde de trinquer

C'est un très joli soir

Un joli soir d'été

Et les deux escargots

S'en retournent chez eux

Ils s'en vont très émus

Ils s'en vont très heureux

Comme ils ont beaucoup bu

Ils titubent un p'tit peu

Mais là-haut dans le ciel

La lune veille sur eux".

Jacques Prévet, "Chanson des escargots qui vont à l'enterrement" (Paroles)

Enfin, voici l'hommage que lui a rendu son ami Alain David, élu avec Marie-Paule pendant des années.

HOMMAGE A MARIE-PAULE

Avec le décès de Marie-Paule c’est une page qui se tourne pour beaucoup d’entre nous. Mais sûrement pas une page qui s’efface tellement ont été riches et denses les moments que nous avons partagés avec elle. Dans des domaines différents mais toujours pétris de chaleur et d’humanisme. De convivialité aussi car Marie-Paule aimait passionnément la vie.

Pour les Morlaisiens et bien au-delà, Marie-Paule c’est l’adjointe qui pendant quatre mandats s’est investie sans relâche et a tenu à bout de bras la politique sociale de la ville sous les mandatures de Jean-Jacques Cléach , de Marylise Lebranchu puis de Michel le Goff Y consacrant sans compter son temps et ses forces… Et ce ne fut pas toujours un long fleuve tranquille ! Mais tous, toutes opinions politiques confondues, reconnaissaient à la fois ses grandes qualités humaines et son efficacité

Pour beaucoup de Morlaisiens, Marie-Paule c’était aussi la dame qui les avait aidés à apporter une réponse à leurs difficultés, à remettre le pied à l’étrier, à repartir dans la vie. Toujours avec le plus grand respect de la personne. Car Madame l’adjointe aux affaires sociales ne considérait pas, qu’à travers la politique qu’elle impulsait, et avec quel talent, elle était là pour résoudre des problèmes, pour traiter des cas, (quelle horrible expression !). Non, elle considérait que son rôle était d’aider des femmes et des hommes blessés, meurtris par la vie à se reconstruire. Cette exigence de justice et de respect des personnes, à l’opposé de toute démarche charitable, venait de très loin chez Marie-Paule. Sans doute de son enfance à la Fouasserie, de sa famille, de son expérience en région parisienne et de ses longues années professionnelles en Psychiatrie.

En mesurant tout ce travail me revient à l’esprit cette réunion de 1977 au siège du Parti Rue Haute où nous devions décider qui serait candidat à la mairie et qui serait adjoint. Il n’y avait pas eu de communistes à la mairie de Morlaix depuis trois décennies. Nous étions tous sans expérience municipale. Les débats étaient animés. Les Morlaisiens peuvent se féliciter que nous ayons répondu favorablement à la candidature de Marie-Paule. Car au-delà de sa considérable action dans son secteur de responsabilité elle a beaucoup apporté à la réflexion collective et à l’orientation sociale et citoyenne de la ville.

Même si elle s’est donnée corps et âme à sa mission sociale, je sais que Marie-Paule a beaucoup regretté ne pas avoir pu être adjointe à la culture comme elle en avait à deux reprises exprimé le souhait. Responsabilité dans laquelle elle aurait sans aucun doute apporté la dimension humaniste et pluraliste, l’ouverture et la curiosité, qui étaient les siennes dans tout ce qu’elle entreprenait.


D’autres diraient mieux que moi tout ce qu’elle a pu trouver dans la pratique artistique où elle excellait après avoir cru, pendant trop longtemps, que ce n’était pas pour elle.

Je n’oublie pas la passion qu’elle avait pour son métier, pour la psychiatrie, pour ses malades. Pour le respect de leur dignité. Combien elle regrettait la suppression d’une formation spécifique d’infirmier psychiatrique. Avec les conséquences pour les malades et parfois les difficultés et les souffrances pour le personnel. Bien après son départ en retraite elle continuait à s’y investir et participait à de nombreuses réunions.

A ce sujet me revient en mémoire cette réunion sur la psychiatrie à Rostrenen avec un ponte parisien dans le domaine. En tant qu’élus, on nous avait sollicités en catastrophe pour en assurer l’animation. Marie-Paule avait commencé par dire qu’elle ne s’en sentait pas capable et puis elle avait dit oui et apporté à cette réunion de très haut niveau toute son expérience de terrain et son humanité.

Car elle ne refusait jamais d’apporter sa pierre au combat pour une société plus juste débarrassée de l’exploitation et de l’aliénation. C’est ainsi qu’elle a sans hésiter répondu présente quand je l’ai sollicitée pour nourrir la réflexion de l’Atelier Régional Santé du PCF/FDG sur les problématiques de la perte d’autonomie.

Parce qu’elle refusait l’injustice sous toutes ses formes, Marie-Paule a participé à l’activité et aux initiatives de très nombreuses associations : le Mouvement de la Paix, Morlaix-Wavel dont elle fut une des premières adhérentes, …

Comme elle ne voulait pas que l’action politique se borne à la dénonciation mais ouvre à la population de véritables perspectives de changement, Marie-Paule avait placé beaucoup d’espoir dans le développement du Front de Gauche et sa capacité à être porteur d’une véritable alternative. Elle s’en est préoccupée jusqu’à ses derniers moments.

Marie-Paule laisse le souvenir d’une femme engagée, ferme dans ses convictions mais aussi d’une femme libre. Libre de sa vie, libre de ses choix, libre de ses combats dès lors qu’une cause lui semblait juste. Mais, parce que c’était sa conviction, profondément respectueuse de la liberté des autres. Ce qui n’est pas peu en ces temps où prospère l’intolérance.

Marie-Paule n’a jamais vu dans la politique un moyen de se faire valoir, de faire carrière. Au contraire, son seul objectif était d’être utile à ses concitoyens. Et comme elle a réussi !

Même si je sais qu’elle n’aurait pas aimé que je le dise ainsi, avec la disparition de Marie-Paule les Morlaisiens perdent une grande dame. Et nous, sa famille, ses amis, ses camarades nous allons devoir vivre avec son absence, sans la chaleur de son amitié… sans son exigence aussi.

La meilleure façon de lui rendre hommage c’est de continuer à défendre les valeurs pour lesquelles elle s’est tant battue

Marie-Paule nous en prenons ici l’engagement.

Alain DAVID

Ancien Maire-Adjoint de Morlaix

Hommage d'Alain David à Marie-Paule Kérebel lors de sa cérémonie d'adieu, le samedi 31 octobre
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