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8 novembre 2015 7 08 /11 /novembre /2015 16:51

DU RIFFIFI AU CREDIT MUTUEL

07 NOVEMBRE 2015 | PAR MICHEL KERNINON

Dralucas », « Lucatorze », tels sont deux des surnoms, parmi d'autres, dont est affublé le puissant banquier, lorientais d'origine, Michel Lucas, patron indéboulonnable, à 76 ans, du Crédit mutuel-CIC. Appellations assez fondées en raison de ses méthodes connues pour être radicales et pour un appétit insatiable en matière d'acquisition de nouveaux pouvoirs. Finalité : faire grossir encore son Crédit Mutuel "national" dont le siège est à Strasbourg, largement majoritaire dans les confédérations au sein du groupe bancaire.
Lucas est le patron puissant et redouté du groupe de la confédération bancaire CM-CIC qui (contrairement à son petit cousin breton CMB-Arkéa-Suravenir) a abondonné toute dénomination à caractère "mutuel". Par ailleurs, le banquier Lucas serait, selon "Les Echos", le mieux payé de France. Mais il est aussi à 76 ans le dirigeant du premier groupe de presse régionale (Ebra qui vient d'ailleurs de quitter le Syndicat patronal de la presse quotidienne régionale -SPQR-). Le groupe EBRA est l’association de titres référents en région (Le Républicain Lorrain, L’Alsace, Le Progrès, Le Journal de Saône-et-Loire, Le Bien Public, Le Dauphiné Libéré, Vaucluse Matin, L’Est Républicain/Le Pays, Dernières Nouvelles d’Alsace, Vosges Matin et le Journal de la Haute Marne). Il est largement en tête en tirage et chiffre d'affaires dans la presse régionale, devant le premier titre français des quotidiens régionaux, Ouest-France.

Michel Lucas n'avait pas hésité il y a quelques années a fusionné l'informatique de sa banque et de ses journaux.Au grand dam des clients de la banque et des journalistes des titres de presse dont il est propriétaire.

On peut comprendre que cet appétit insatiable et la méthode à la hussarde fassent trembler certains patrons de presse dont l'avenir des titres est incertain pour différents motifs économiques comme successoraux. La proximité de Lucas avec Vincent Bolloré ne les rassure pas davantage. Le magnat breton d'Odet, près de Quimper, a l'appétit aussi insatiable en matière d'investissement industriels multiples qu'en acquisition de groupes de medias (Havas, Vivendi...). Alliance objective et soutien réciproque entre Bolloré et Lucas, -( on l'a vu clairement avec la censure sur Canal du documentaire consacré à certaines méthodes douteuses du Crédit Mutuel)- qui ne peuvent que renforcer l'inquiétude, ou parfois secrètement l'intérêt, par impératif de survie, au sein des rares groupes de presse encore "indépendants" en France.

En Bretagne, où se trouve le siège du CMB (Bretagne, Sud-Ouest, Massif central), -où travaillent plus de 6000 salariés des 9000 salariés du regroupement CMB-Arkea- l'inquiétude grandit. Et la banque-assurances bretonne reçoit ces jours-ci le large soutien des élus bretons de tous bords. Le ministre de la Défense, lui-même, Jean-Yves Le Drian, tête de liste PS aux régionales, vient de déjeuner avec le patron du CMB-Arkéa, l'énarque quimpérois Jean-Pierre Denis, qui fut directeur adjoint du cabinet de Chirac au début de son premier mandat à L'Elysée.

Mais depuis ce déjeuner stratégique, -on reste dans le domaine de la défense-, rien n'a transpiré sur la position du gouvernement dans ce combat d'élites bancaires, qui est moins une rivalité d'ego qu'une tentative de coup de poker entre des frères ennemis, certes de génération différente, mais tous deux adeptes de méthodes musclées et les conflits sociaux au CMB ne sont pas qu'épisodiques.

C'est dire qu' en cette période de planification drastique dans l'organisation des banques, les méthodes que Lucas et sa garde rapprochée mettent en place n'ont rien pour rassurer la concurrence. Et surtout pas le David CMB face au Goliath Lucas. Ce qui a été mis en oeuvre au CM-CIC national depuis 30 ans a de quoi faire trembler les banquiers bretons et leur aspiration irrédentiste. Et donne aussi à réfléchir à de nombreux chefs d'entreprises bretonnes dont un certains nombre de fleurons industriels sont soutenus par la branche commerce et développement du Crédit mutuel de Bretagne.

C'est pour ça, que de droite à gauche, il ne vient à l'idée d'aucun candidat aux Régionales de lâcher le morceau face à l'ogre Lucas. Et surtout de ne pas choisir le mauvais camp face au grand manitou aussi que redoutable insatiable qui menace de croquer sans remords le kouign aman bancaire mutualiste de sa région natale. Car si en Bretagne, le PS avec le candidat Le Drian, garde l'espoir de ne ne pas sombrer dans le naufrage électoral annoncé, la Droite ne peut pas se permettre de lâcher une bretonnitude largement ancrée dans les moeurs. Alors, réponse sur l'absorption du CMB ou pas : après les Régionales de décembre prochain, ou vers la Présidentielle de 2017 ? Peut-être avant.

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