André Glucksmann est décédé à 78 ans le 10 novembre.
"Philosophe de la liberté" (Ouest-France), "philosophe engagé" (Télégramme), philosophe "anti-totalitaire" (Les Inrocks), "grande conscience" (Libération), André Glucksmann, célébré par la presse conservatrice, libérale, libérale-libertaire et anti-communiste, était surtout représentatif de cette génération de jeunes bourgeois qui a émergé médiatiquement en 1968, s'est engagé dans un gauchisme sectaire à cette époque (il était mao et animait La cause du peuple avec Michel Le Bris) avant de se rallier au courant d'idées libéral et atlantiste dans les années 1970-1980, prêchant au nom des droits de l'homme pour les interventions militaires occidentales, se réclamant de la "nouvelle philosophie" pour diffuser la vulgate anti-communiste puis néo-conservatrice.
En 2007 et 2012, André Gluksmann, ce rebelle des beaux quartiers, jamais lassé d'inonder les médias de sa grandiloquence verbeuse et de ses indignations de commande, soutenait Nicolas Sarkozy, un grand ami de l'humanité comme chacun sait.
André Gluksmann est aussi représentatif de l'eau tiède qu'est devenue la philosophie médiatisée depuis les années 1970 quand la voix de ces authentiques intellectuels critiques de haute volée qu'étaient les Sartre, Foucault, Deleuze, Bourdieu, a été remplacée dans les médias de la bourgeoisie par des agitateurs plus préoccupés de leur position germano-pratine que par le concept ou la réalité sociale: ces BHL, Gluksmann, Finkielkraut, véritables chiens de garde de l'ordre établi et des puissances d'argent.
Ismaël Dupont
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