Le gouvernement veut faire passer à marche forcer une réforme du collège qui sera une machine à renforcer les inégalités sociales et scolaires.
Face à cette volonté de nombreuses organisations syndicales ont appelé à la grève dans les semaines précédentes et appellent ce samedi 10 octobre à une manifestation nationale à Paris.
Face au rejet massif de sa réforme, le gouvernement veut passer en force. Mais ni dictées quotidiennes, ni cérémonies de diplômes à l'américaine n'en feront une étape de progrès. Et au-delà de ce folklore démagogique destiné à récupérer l'opposition la plus réactionnaire, les modifications faites à la marge et les dernières mesures aggravent encore le dispositif.
Pas de chacun pour soi...
Pour calmer les esprits, la ministre laisse entendre qu'au total, chacun pourra faire comme il voudra, en matière d'évaluation comme d'options... du moment bien sûr qu'on ne touche pas au noyau dur de la réforme : des moyens horaires constants, austérité oblige, et la logique du socle commun, Europe exige. Ce faisant, les différences entre collèges se creuseront encore plus, amplifiées par leur autonomie accrue. Or, c'est plus de commun qu'il faut pour éviter les stratégies de mise en concurrence, les choix prématurés imposés aux collégiens, les décrochages provoqués par des parcours scolaires si individualisés qu'ils renvoient à chacun la responsabilité de son échec ou de sa réussite, dédouanant le système scolaire.
...du mieux pour tous !
Plutôt que d'écouter les sirènes passéistes de la blouse grise, la ministre devrait tendre l'oreille aux propositions d'ambition et de progrès des communistes pour le collège. Élever le niveau de la formation suppose de donner le temps d'assimiler connaissances et démarches : le collège doit être une étape de construction sereine et collective des apprentissages, délivrée du poids du tri scolaire :
• portons à 18 ans l'âge de la scolarité obligatoire
• rétablissons les heures de cours perdues au fil des différentes réformes rétrogrades des dernières années
• mettons fin à la compétition entre établissements et élèves, et respecter sur tout le territoire le principe d'égalité :
• égalité sociale, par la gratuité complète de tout ce que nécessité la scolarité au collège: matériel, sorties, restauration, transport.
• égalité territoriale : c'est à l’État de garantir à tous les collégiens la même formation de qualité, en unifiant programmes et horaires, en redistribuant les moyens supplémentaires nécessaires pour atteindre les buts communs. C'est ainsi qu'on empêche que l'école devienne un marché dont le privé est le chef de rayon.
• égalité de cursus : "tous capables", les collégiens le sont. Aucune limitation de contenus de formation, par le biais d'options à géométrie variable, n'est acceptable.
• permettre une vraie révolution pédagogique, en donnant aux enseignants le temps et la maîtrise de leur formation et de leur métier, afin de pouvoir régler leurs cours sur l'élève qui n'a que l'école pour apprendre.
Précipiter à marche forcée l'application des nouveaux programmes, parler des chefs d'établissement comme de "managers" animant la "construction des enseignements interdisciplinaires", oser contester le droit aux enseignants de se former sur leur temps de travail ou prétendre remédier à la misère de leurs salaires en proposant des primes pour renoncer aux vacances : c'est inadmissible. Il faut arrêter de loucher sur la copie de Macron. Pour que l'ambition louable des nouveaux programmes profite vraiment à tous, on ne peut faire des économies sur la formation.