Maïtena Biraben, la journaliste-¬animatrice du Grand Journal de Canal Plus, n’a visiblement pas mesuré la gravité de ses propos. Jeudi dernier, face à l’avocat Éric Dupont-Moretti, elle vantait un « discours de vérité » que tiendrait « le Front national » et dans lequel « les Français se reconnaissent ». Formation ¬politique qualifiée, au passage et faussement, de « premier parti de France ». Rien de moins. Des affirmations étayées par la reprise in ¬extenso d’argumentaires frontistes qui en ferait ¬bafouiller de joie son service communication. Et pompon sur le casque à pointe : cette ¬repoussante séquence arrive peu après l’invitation controversée de Robert Ménard, maire lepéniste de Béziers, gratifié par la même Maïtena Biraben de « pro de la com ».
Le lendemain, acculée à une explication de texte, l’animatrice a assuré, avec une certaine suffisance, qu’elle avait disserté « sur la forme, pas sur le fond », balayant toute forme de critiques. Un peu court. À tel point qu’elle nous ferait presque regretter Jean-Michel Aphatie, remercié par Canal Plus il y a peu.Cet indéboulonnable réac en chef (il officie désormais sur Europe 1) s’est d’ailleurs offert le plaisir d’épingler la prestation de celle qui lui a succédé au travers d’un billet de blog vachard. « En associant Front national et vérité, elle a tranché à sa manière une question qui taraude la société depuis des lustres. Outre son illégitimité, s’ajoute la violence de la manière. » De son côté, la bande des Collard, Le Pen et Philippot a applaudi des deux mains, prenant là une revanche historique sur la chaîne qui, jusqu’à sa reprise en main par Vincent Bolloré, se faisait un devoir de les étriller ; pitreries du bouffon Cyrille Eldin mises à part. « La caste perd la tête : lyncher une journaliste car elle pose des questions qui déplaisent aux chantres de la pensée unique », a ainsi dénoncé Florian Philippot. Le Grand Journal de Canal Plus applaudi par les caciques du FN. La chaîne cryptée qui a prospéré sur le foot et le porno réserve encore bien des surprises