Langues et culture de Bretagne
Nous avons une chance, celle d’avoir hérité de deux langues : le breton, une langue celtique (un peu moins de 200000 locuteurs, mais beaucoup d'en ayant pas un usage courant ni une maîtrise complète) et le gallo, une langue romane (5 à 10 % de locuteurs quotidiens).
Nous avons un problème : nos langues comme les 75 répertoriées et pratiquées en France (métropole et Outre-mer) sont classées en danger par l’Unesco. Leur disparition serait une perte inestimable pour l’humanité.
Nous avons une responsabilité : préserver et enrichir ce patrimoine encore vivant. Cela nous impose de les transmettre, de les apprendre et de les faire vivre. Cela ne remet pas en cause l’officialité de notre langue commune, le français.
Depuis les années 50, de moins en moins de familles transmettent ces langues, aussi l’École a un rôle majeur pour transmettre ces langues et assurer leur pérennité !
Quelle est la situation de l’enseignement?
L’enseignement bilingue (de la maternelle à la terminale) représente 16345 élèves : 43,60 % dans le Public, 31,40 % dans l’enseignement privé catholique et 25% à Diwan. Des disparités existent entre les départements : par exemple, dans le département du Morbihan, le service public d’éducation n’accueille que 33,50 % des élèves bilingues contre plus de 53% pour l’enseignement privé catholique. Le rectorat et les DASEN (ex-IA) sont totalement responsables de cette situation. On pourrait citer de nombreux exemples de refus d’ouverture pour laisser la place au Privé.
L’enseignement facultatif concerne le breton et le gallo (Initiation d’1h, option de 2 à 3h, LV2 ou LV3)
Dans le 1er degré, 7840 élèves reçoivent un enseignement d’initiation dans le primaire dans le Finistère où le Conseil général prend en charge des intervenants extérieurs.
Dans le second degré : près de 5300 élèves (dont 52 % dans le service public) suivent un enseignement facultatif (1) au collège et au lycée mais avec de grandes disparités d’offres et des ruptures entre le collège et le lycée.
La réforme du Collège supprime l’enseignement facultatif en 6ème au collège à la rentrée 2016, y compris pour les élèves qui ont bénéficié de l’initiation en primaire ! Les heures de breton ou de gallo seront prises sur les autres disciplines dans le cadre des Enseignements Interdisciplinaires (EPI) ! Et dire que l'article 40 de la loi de refondation de l’école de 2013 précisait que « l'enseignement des langues régionales serait favorisé » !
Dans les autres secteurs, près de 900 étudiants suivent un enseignement de breton à l’Université dont près de la moitié un cursus complet, plus de 3300 adultes suivent des cours de breton hebdomadaires, et près de 300 suivent une formation intensive de 3 et 6 mois.
Formation des enseignants et autres (petite enfance par ex. ) : des aides financières financées par la région et des conseils départementaux, ont été mises en place
Rappel :
1er degré : concours externe « special langues regionales »
2d degré : CAPES (breton-histoire-géo, breton-maths, breton-anglais, breton-lettres)
Des enseignants qui ont un autre CAPES mais qui sont titulaires par exemple du DCL (Diplême de Compétences en Langues) peuvent aussi être affectés pour enseigner leur discipline en breton.
Production et diffusion du matériel pédagogique : la Région cofinance le fonctionnement de Ti-Embann ar Skolioù (TES), service du Centre régional de documentation pédagogique (CRDP) qui diffuse gratuitement dans les écoles des manuels scolaires en breton (35 000 chaque année).
L’Office Public de la langue bretonne (Ofis Publik ar Brezhoneg) est un établissement public de coopération culturelle. Il a été créé en 2010. Ses membres fondateurs sont l'Etat, le Conseil régional de Bretagne, le Conseil régional des Pays de la Loire et les Conseils départementaux du Finistère, du Morbihan, des Côtes d'Armor, de l'Ille-et-Vilaine et de la Loire-Atlantique.
Ses missions
Il a pour principales missions la promotion de la langue bretonne et le développement de son emploi dans l'ensemble des domaines d'usage d'une langue. L'établissement met en œuvre les politiques linguistiques qui lui sont confiées par les pouvoirs publics membres. L'Office Public concentre notamment ses efforts sur la structuration du développement de l'offre d'enseignement bilingue. Il participe aussi à la promotion des cours de breton pour adultes Il participe également pleinement à l'enrichissement du corpus de la langue ainsi qu'à son adaptation continue au monde contemporain. Pour en savoir plus : http://www.fr.brezhoneg.bzh/
Documents phare de la Région
Rapport voté en mars 2012 : une politique linguistique pour la Bretagne
Convention Etat-Région spécifique (2015/2020) : la dernière en date est à l’ordre du jour de la session du 15 octobre 2015
C’est la 3ème convention de ce type.
Cette convention ne rencontre pas le soutien habituel. Elle est même contestée par le Conseil Culturel de Bretagne, par la FSU au CESER, par Aï ta qui parle de trahison etc.
L’Etat (le recteur de l’académie de Rennes) semble avoir tenu le stylo :
Ce texte = vœux pieux car de pas de plan programmé dans le temps, mêmes objectifs pour 2020 (20000 élèves en bilingue) que pour 2010 !!! + recherche de la limitation du nombre d’emplois !
- inscription de seuils d’ouverture quelle que soit la taille de la commune ou de l’école (15 élèves en maternelle, refus de prendre en compte les 2 ans),
- notion très théorique de » nombre de places vacantes » (cette vision a conduit à la mise en sommeil de classes qui ne se sont jamais réveillées car le véritable objectif était de fermer le site : c’est le cas en collège de Sizun, de Redon, de Pontivy et peut être de Rostrenen l’an prochain),
- pas de priorité au service public, c’est toujours la complémentarité des réseaux qui est sous–jacente dans le discours de l’Etat affichée dans la convention comme un principe relevant de la cohérence géographique » : l’EN répond aux parents victimes des principes ci-dessus, mais il y a des classes bilingues dans l’enseignement privé catholique….
- Un soutien très théorique à l’enseignement optionnel du breton ou du gallo au collège puisque la réforme le supprime,
- Rien pour augmenter le nombre de candidats aux concours de PE et pas d’augmentation significative de de postes au CAPES. Baisse programmée du soutien de la région via les aides skoazel ; rien sur les contractuels ou l’offre de formation dans les universités (ex : l’UBS n’offre aucune formation complète en breton)
- Pas de financement par l’Etat de congés-formation permettant à des enseignants en poste de se former pour l’enseignement bilingue (enseignement de leur discipline en breton) ou l’enseignement optionnel en breton ou en gallo.
- Quasiment rien sur l’enseignement du gallo, une discipline qui est pourtant choisi par un nombre non négligeable d’élèves au bac en Haute-Bretagne.
Le Recteur est un bon petit soldat du gouvernement, et la Région se contente de bla-bla.
Promouvoir et valoriser l’apprentissage de nos langues régionales
Nos langues ne doivent pas disparaître ! La diversité culturelle est une richesse !
Nous agirons pour le développement :
- des filières bilingues dans le service public d'éducation : tous les enfants doivent pouvoir trouver une classe bilingue à une distance raisonnable.
- de l’initiation au breton ou au gallo à l’école primaire, de l’enseignement facultatif ou optionnel au collège, et la poursuite au Lycée et au LP.
Nous accompagnerons activement le réseau associatif et laique Diwan avec la perspective, notamment, de son intégration dans le service public d’éducation.
Nous soutiendrons activement le développement et la transmission de nos langues par le biais de leur diffusion (radios locales associatives, médias locaux, filière numérique, doublage),
Nous exigerons une renégociation de la « Convention entre l’Etat et la Région pour la transmission des langues de Bretagne » qui n’est pas acceptable en l’état : si la région a un rôle à jouer (aides, bourses, valorisation de la présence de nos langues dans l’espace public, l’Etat ne doit pas mettre des obstacles empêchant d’atteindre les objectifs (ex : seuils d’ouverture de 15 élèves irréalistes dans les petites et moyennes communes, recrutement d’enseignants en nombre insuffisant etc….) ; l’offre audiovisuelle est à renégocier également.
Nous nous impliquerons pleinement dans l’Office Public de la langue bretonne.
Nous organiserons des ETATS GÉNÉRAUX DE LA CULTURE ET DES LANGUES DE BRETAGNE avec toutes les associations, les organisations syndicales et autres acteurs impliqués pour co-élaborer des politiques ambitieuses.
Patricia Laborie, pour le Front de Gauche Bretagne.
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