A lire dans le Ouest-France du vendredi 25 septembre 2015:
Accueil de réfugiés
A 22 voix pour et 5 abstentions, les membres du Conseil, réunis mercredi soir, ont voté la participation de la commune à l'effort de solidarité nationale pour l'accueil des réfugiés. La commune va établir un dispositif d'accueil "d'une dimension raisonnable à la taille et aux moyens de la commune" a précisé François Hamon, le maire. Elle va mettre à disposition quelques logements communaux actuellement inoccupés, "soit une maison et deux appartements" précise Françoise Fer, adjointe à l'action sociale, afin d'assurer temporairement l'hébergement de quelques familles de réfugiés sans discrimination d'origine ou de religion. Elle participera aussi à une concertation avec tous les acteurs de cette solidarité (...).
Pendant ce temps, Agnès Le Brun, dont on apprend qu'elle devrait figurer en 5ème place sur la liste finistérienne des départementales (rattrapée à l'arrachée après une première mise à l'écart), comme Gwenegan Bui (bonjour le cumul des mandats pour les deux: député, responsable aux questions de Défense à l'assemblée pour le second, et Conseiller Régional, maire et potentiellement conseillère régionale pour la première...!), adoptait une position de fermeture par rapport à l'accueil des réfugiés avec des arguments dilatoires dans un entretien à Ouest-France paru le 24 septembre 2015:
"- La journaliste, Adeline Bertin: La ville n'organise pas d'accueil des réfugiés. Pourquoi?
- Agnès Le Brun: Nous n'avons pas la structure pour le faire de façon digne et correcte. Le CHRS (centre d'hébergement et de réinsertion sociale) et tous les logements sociaux sont occupés. Notre CCAS (centre communal d'action sociale) est le deuxième du département. Plus de 18% de la population vit en dessous des minima sociaux. C'est à l'Etat d'assurer ces charges administratives et financières.
- La journaliste: N'a t-elle pas un devoir de solidarité?
- Agnès Le Brun: Ce que l'on doit mettre en place pour les réfugiés n'est pas la même chose que pour les demandeurs d'asile. Au-delà de l'hébergement, le plus important est l'intégration. Cette coordination doit passer par des structures associatives sur le plan départemental comme Coallia. Ce n'est pas juste de la solidarité. L'émotion dessert souvent la réflexion..."
Au-delà des formules toutes faites, nous savons qu'Agnès Le Brun n'a organisé aucune rencontre avec les associations morlaisiennes de solidarité internationale pour voir comment il aurait été possible de favoriser l'intégration de réfugiés. La distinction qu'elle effectue entre demandeurs d'asile et réfugiés est par ailleurs assez surprenante... En réalité, il s'agit surtout de ne pas contrarier une base électorale sans doute majoritairement plutôt hostile à l'accueil des réfugiés.
On le voit, entre les communes du pays de Morlaix, par rapport à cette question de l'accueil des réfugiés, on ne réagit pas du tout de la même manière.
Cette question de l'accueil des réfugiés sera en débat lors du prochain Conseil Municipal le lundi 28 septembre puisque des élus du Front de Gauche, avec trois élus de la Coopérative Citoyenne, posent la question orale suivante à Madame Le Brun:
Question orale sur l'accueil des réfugiés à Morlaix
Présentée par : Michèle Abramovicz, Guenaëlle Clech, Jean-Pierre Cloarec, Loïc Digaire, Ismaël Dupont, Sarah Noll
Le drame que vivent aujourd’hui les migrants, les réfugiés fuyant la guerre est insoutenable. L'Europe affronte le plus grand exode depuis la seconde guerre mondiale. Cet exode massif est une conséquence tragique des logiques d'accumulation de profit générées par un système libéral mondialisé qui produit des catastrophes économiques, politiques, humanitaires, et écologiques.
Face à cette tragédie, des initiatives se prennent, des citoyens s’organisent, des forces démocratiques, des États et des villes s’engagent, les verrous de l’égoïsme sont en train de sauter. Nous saluons le réveil des consciences, et toutes celles et tous ceux qui en sont les artisans.
Le temps a été trop long, il a coûté trop cher en vies humaines : 29 000 morts en Méditerranée et aux portes de l’Europe. La première des urgences est sans tergiverser la solidarité et le devoir d’accueil.
Le Président de la République a parlé du droit d'asile comme « partie intégrante de l'âme de la France et de sa chair» dans sa conférence de presse du lundi 7 septembre, mais la réalité des faits aujourd'hui n'est pas à la hauteur de ces déclarations.
La France, sixième puissance mondiale, est aujourd'hui l'un des pays européens qui accueille le moins de demandeurs d'asile et qui continue à défendre une politique européenne de limitation stricte de l'immigration par des dispositifs policiers, les restrictions au droit d'asile, à la naturalisation et à la régularisation. Les mêmes politiques du chiffre qu'avant 2012 inspirent les reconduites à la frontière.
La France est aussi le premier pays européen pour l'enfermement des étrangers (45 000 en 2013), alors que François Hollande, candidat à la présidence de la République en 2012, s'était engagé à mettre fin à l'enfermement des enfants étrangers en centre de rétention suite à la condamnation de la France par la Cour Européenne des droits de l'Homme.
Après avoir refusé d'abord lors de Conseils Européens de se donner des obligations chiffrées semblables en termes d'accueil de demandeurs d'asile fuyant la guerre, la France a finalement accepté d'accueillir 24 000 réfugiés fuyant la guerre, sur un objectif européen de 120 000 migrants accueillis dans l'UE en 2 ans, bien peu en dépit des difficultés au regard du million de migrants attendus en Europe en 2015.
C'est bien peu par rapport aux besoins, et à la détresse de centaines de milliers de frères humains fuyant les horreurs de la guerre, la misère et l'absence d'avenir dans les camps de réfugiés.
Sans prétendre bien sûr pouvoir accueillir « toute la misère du monde », ce que personne ne lui demande, la commune de Morlaix doit jouer sa part, à proportion de son rang de ville moyenne, dans la solidarité humaine due aux réfugiés issus notamment de Syrie et d'Irak admis en France en mettant à disposition des logements pour ces réfugiés pour participer à l'effort avec d'autres collectivités et en s'engageant à faciliter pour eux la reconstruction d'un avenir, de pair bien sûr avec une indispensable action de l'Etat.
Quelle est la position de Mme le Maire et de sa majorité sur la proposition de déclarer auprès des services de l’État la commune volontaire pour accueillir plusieurs réfugiés et familles de réfugiés?
commenter cet article …