Jean-Marc Ayrault, dans la présentation orale du "Pacte d'Avenir pour la Bretagne", bien léger sinon dans les annonces nouvelles susceptibles de relancer l'économie de la Bretagne, sans même consulter le PDG d'Ifremer, nouvellement nommé en septembre 2013, ni le CA de cet établissement public de droit privé, ni évidemment les salariés du siège, annonçait à Brest le déménagement des services administratifs et du siège social de l'établissement public, basé jusqu'ici à Issy-les-Molineaux.
Le 18 décembre 2014, Manuel Valls, en visite à Brest, confirmait le parachèvement du "Campus de la Mer" à Brest, titre ronflant pour une coquille vide, car les emplois scientifiques centrés sur la recherche marine, quoique bien présents à Brest et dans la région, sont loin d'être unifiés.
Pourtant, dès 2013, la CGT et la CFDT engageaient une bataille contre la délocalisation du centre administratif, représentant 80 salariés et emplois à Brest, où les activités d'Ifremer concernent plus de 600 salariés déjà, sur 1300 dans le groupe, déjà largement décentralisé, avec des antennes à Toulon, Nantes, et dans le Nord de la France. La moitié des personnels des autres centres a signé une pétition contre la délocalisation du siège.
Les personnels hautement qualifiés du siège ne veulent certainement pas dans leur majorité venir sur Brest. Ils ont leurs conjoints travaillant en région parisienne, leurs enfants scolarisés, leurs logements, leurs amis. Ils risquent alors de convoler vers d'autres cieux - leurs qualifications le permettent - et de dégarnir l'institut de recherche publique.
François Cuillandre réclame depuis plus de 20 ans la décentralisation de l'Ifremer à Brest, d'abord contre l'avis de la CGT, maintenant à l'encontre de la volonté de la grande majorité des salariés concernés et des deux syndicats concernés - CGT et CFDT- mais Ifremer n'est pas Ifremer de Bretagne.
L'institut rayonne sur l’ensemble du territoire, en Méditerranée, en Manche, en Atlantique. Il est donc norme de choisir pour son siège une ville centrale. Pas forcément Paris d'ailleurs. Même si une grande partie des activités du siège est en lien avec les ministères et les organismes européens.
Et heureusement qu'il existe des contre pouvoirs au fait du prince, et à la distribution de hochets aux vassaux.
Hier le Conseil d'Etat a annulé la décision de transfert du siège social vers Brest, donnant raison aux syndicats de salariés sur la forme, puisque cet établissement public de droit privé ne peut être délocalisé sans décision du Conseil d'administration, ce qu'avait d'ailleurs énoncé l'avis du rapporteur public.
Sans s'inspirer du moindre jacobinisme centralisateur et tout en étant attaché au développement économique et scientifique de la Bretagne et du Finistère, on peut s'en féliciter pour la cohérence et l'efficacité des activités de l'Ifremer, et les conditions de travail des salariés, déjà bien dégradés avec la politique de restriction des moyens qui touche la recherche publique en général, et l'Ifremer en particulier.
Ismaël Dupont, secrétaire départemental du PCF Finistère
Un article de Sylvestre Huet, journaliste scientifique, sur son blog sur l'Ifremer
http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2015/09/fermetures-de-sites-%C3%A0-lifremer.html
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