Gérard Le Puill Mardi,
1 Septembre, 2015
Alors que le pays est miné par le chômage et la précarité de l’emploi, le suspens entretenu jusqu’à 8 septembre par le pouvoir sur une éventuelle baisse des impôts en 2016 devient totalement indécent.
Le président de la République doit tenir sa conférence de presse de rentrée le lundi 8 septembre. En attendant cette date, de nombreux moyens de communication comme de nombreux commentateurs tentent de nous tenir en haleine pour savoir quel sera le public cible de la baisse des impôts sur le revenu en 2016 promis par François Hollande « quoiqu’il arrive » d’ici là en matière de croissance économique.
Après d’autres, Le Figaro du premier septembre croit savoir que l’allègement sera de l’ordre de 2 milliards d’euros et « pourrait prendre la forme d’une nouvelle remontée des bornes d’entrée dans l’impôt sur le revenu, en prolongement de la suppression de la première tranche intervenue cette année, afin de permettre à certains foyers imposables de ne pas rentrer dans l’impôt » .
Dit autrement, on n’imposera peut-être pas en 2016 les plus pauvres des imposables de 2015, ce qui ne veut pas dire qu’ils gagneront quelque chose dans l’affaire, si, par ailleurs, la taxe d’habitation payée par chaque foyer et la taxe foncière dont s’acquittent aussi les propriétaires aux revenus modestes augmentent dans des proportions plus importantes que le gain obtenu via la baisse ciblée de l’impôt sur le revenu. Or le Parlement a voté au printemps un article qui majore de 0,9% la base imposable des appartements des maisons pour l’impôt foncier. Si on ajoute les hausses d’impôts locaux votés par les communes, les conseils généraux et les conseils régionaux, on peut penser qu’il y aura beaucoup plus de milliards supplémentaires de récoltés en 2016 sur 2015, y compris au détriment des contribuables modestes.
Payer un impôt progressif sur le revenu n’a rien d’anormal ni d’indécent. Surtout quand les recettes tirées de cet impôt sont ensuite utilisées judicieusement par l’Etat, ce qui n’est guère le cas depuis de longues années. Mais alimenter le suspens sur le ciblage de ces deux milliards d’euros de réduction relève d’une démarche politicienne indécente qui n’honore pas le président de la République et son gouvernement. D’autant que beaucoup de ménages « bénéficiaires » de cette réduction d’impôts peuvent aussi perdre davantage à travers, par exemple, une revalorisation insuffisante de certaines prestations comme, par exemple, l’Aide personnalisée au logement (APL) en 2016.
On peut voir aussi que les ménages de salariés dont les deux salaires cumulés tournent en 2015 autour de 4.500€ par mois sans augmentation sur 2014 se voient réclamer en 2016 , une augmentation des prélèvements mensuels supérieure de 5% et plus sur l’année en cours. Dans les ménages de parents aux ressources un peu plus confortables, l’impôt pourrait augmenter tandis que la diminution des allocations familiales (non imposables) amputera légèrement le revenu total de ces ménages. S’agissant enfin des retraités dont les pensions sont bloquées depuis plus de deux ans alors que qu’ils subissent par ailleurs des augmentations de cotisations au titre de la CSG, une réduction d’impôts de quelques dizaines d’euros en 2016 ne se traduira nullement par une amélioration du pouvoir d’achat. Voilà qui ajoute encore de l’indécence au battage médiatique entretenu par un président de la République qui ne semble penser qu’à remonter dans les sondages avec l’espoir de pouvoir se représenter devant le suffrage des Français.