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17 août 2015 1 17 /08 /août /2015 13:47
Turquie: il faut arrêter le bras de l’incendiaire Erdogan !

L'Humanité Dimanche

Francis WURTZ (*)

Le président turc est engagé depuis deux semaines dans une aventure criminelle de grande envergure. Et il bénéficie pour accomplir son forfait du soutien explicite des États- Unis et de l’OTAN, comme de l’incroyable « laisser-faire » des États européens, dont la France.

Un cri d’alarme s’impose de toute urgence! Tout d’abord, Erdogan vient de prendre la décision totalement irresponsable de mettre fin aux pourparlers de paix entamés depuis 2013 entre Ankara et le leader historique du PKK, Abdullah Öcalan. Celui-ci, emprisonné et isolé depuis plus de quinze ans, avait appelé les combattants de son organisation à cesser le feu et à quitter la Turquie avec leurs armes. Fort de son autorité, il avait obtenu gain de cause auprès de la majorité de ses partisans. La contrepartie devait être l’arrêt de la répression et la reconnaissance progressive des droits du peuple kurde. La poursuite des violences policières et militaires et l’absence de résultats significatifs – toujours reportés dans la perspective de l’élection présidentielle de 2014, puis de celle du scrutin législatif de 2015 – ont alimenté d’évidentes frustrations parmi la jeunesse kurde. La paix ne tenait que grâce aux appels répétés d’Öcalan à « rester patients » et à « garder espoir » dans les négociations en cours. C’est dans ce contexte qu’est intervenu le grave revers électoral d’Erdogan, le 7 juin dernier: pour la première fois, un parti « pro- Kurdes » entrait comme tel (et en force!) au Parlement, privant l’aspirant dictateur de sa majorité absolue, à plus forte raison de la majorité renforcée qu’il espérait pour établir un régime présidentiel.

Le « sultan » mégalomane a donc dû partir à la recherche d’un partenaire de coalition. Sans succès à ce jour. Dès lors, se préparant à des élections anticipées, et prêt à tout pour les gagner, Erdogan s’est lancé dans une campagne ultranationaliste. Dès lors, plus question de laisser planer le moindre espoir d’une reconnaissance des droits des Kurdes! Ce crime contre la démocratie se double d’un crime contre la paix. Car cette politique du pire porte en elle l’immense danger d’une reprise de la guerre civile qui a déjà coûté la vie à 45 000 personnes et trente années de malheur! Or, Erdogan s’engouffre dans cette sanglante impasse. Sa cible privilégiée n’est autre que le principal partisan d’une solution politique (et non militaire) du problème kurde: Selahattin Demirtas, le jeune et brillant coprésident du nouveau parti progressiste HDP, qui a réussi, lors du scrutin du 7 juin, à rassembler non seulement la majorité des Kurdes, mais nombre de démocrates turcs sur un programme résolument antinationaliste et pacifique. En tentant d’écarter Demirtas – celui-là même qui s’évertue à réduire les tensions en soulignant à l’adresse des militants kurdes exaspérés que « le sang ne peut être lavé par le sang » – et en redoublant de violence contre le peuple kurde, le tyran d’Ankara apporte la preuve qu’il préfère un conflit meurtrier qui lui assure les pleins pouvoirs à une démocratie apaisée qui l’obligerait à respecter les droits de chacune et de chacun. Enfin, en plus de mettre gravement en péril la démocratie et la paix en Turquie même, Erdogan torpille la lutte, unanimement saluée, des Kurdes en Syrie voisine contre le terrorisme de l ’« État islamique». Après avoir refusé tout soutien aux combattants et combattantes kurdes de Kobané dans leur résistance héroïque – et efficace! – à Daech, puis pactisant notoirement avec les djihadistes, Erdogan cherche ouvertement à empêcher les Kurdes de Syrie de libérer leur région, allant jusqu’à faire bombarder l’un de leurs villages! Il faut d’urgence arrêter le bras de cet incendiaire.

LE PRÉSIDENT TURC TORPILLE LA LUTTE DES KURDES DE SYRIE CONTRE « EI », ALLANT JUSQU’À FAIRE BOMBARDER L’UN DE LEURS VILLAGES!

On ne peut, pour cela, compter sur Washington, qui lui a donné, au contraire, son scandaleux et absurde feu vert. Quand Bruxelles, Berlin et Paris se décideront-ils à réagir ?

(*) Député honoraire du Parlement européen.

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