Parti communiste français
JEUDI, 27 AOÛT, 2015
La réunion du 24 août entre la chancelière allemande et le président français n'avait pas pour objectif de formuler des solutions d'accueil aux dizaines de milliers de réfugiés qui tentent de trouver la vie sauve en Europe. Non. Le but d'Angela Merkel était bassement tacticien : envoyer un signal à la veille du 2e Sommet des Balkans qui s'ouvre ce 27 août à Vienne – un signal de rejet, un signal d'exclusion. La chancelière allemande cherche à imposer son exigence de voir l'UE établir une liste de pays dits « sûrs » comme fondement d'un système unifié du droits d'asile. Angela Merkel et François Hollande visent en premier lieu les ressortissants des pays des Balkans qui constituent 43 % des demandeurs d'asile en Allemagne et qu'elle souhaite pouvoir exclure d'emblée des procédures d'asile pour accélérer leur expulsion.
Madame Merkel exploite la tragédie que vivent les réfugiés et demandeurs d'asile syriens, irakiens et érythréens, en pratiquant à la fois l'amalgame entre réfugiés et immigrés et, dans le même mouvement, en renforçant la stigmatisation des immigrés. François Hollande marche là encore dans ses pas. Les deux dirigeants européens répondent par de froids calculs quant il s'agirait d'apporter une aide d'urgence et de concevoir une politique pérenne.
La chancelière allemande et le président français surfent dangereusement sur la vague populiste qui, elle, menace réellement l'Allemagne, la France et l'Europe. Le président François Hollande se révèle, une fois encore, plus sensible aux discours sécuritaires qui flirtent de plus en plus avec le racisme et la xénophobie qu'à la détresse de femmes et d'hommes tentant d'échapper à des guerres et des violences dont la France, l'Allemagne ou l'UE ne sont pas complètement étrangères. La situation des réfugiés est la plus grave depuis la Seconde guerre mondiale qui avait provoqué en Europe même le déplacement de 10 millions de réfugiés. Aujourd'hui, devant la tragédie qui touche des millions de femmes et d'hommes dont les pays sont ravagés par la guerre et les violences , il s'agit de respecter des engagements liés à la Convention de Genève sur les réfugiés.
Les propositions d'aide européenne pour la création ou l'amélioration de centres d'accueil pour l'Italie, la Grèce ou l'Autriche, identifiées comme « hotspots » ou pays d'entrée sont un minimum vital pour les réfugiés et ces pays – elles ne constituent pas des solutions, encore moins une politique. Les pays de premier accueil ne peuvent à eux seuls faire face à la situation, il faut donc abroger les directives de Dublin qui contraignent les réfugiés à demeurer dans les pires conditions sur leur lieu d'arrivée et dégager les financements et moyens nécessaires à l'accueil des demandeurs d'asile.
C'est à un plan exceptionnel d'accueil des réfugiés que l'UE et ses pays membres doivent s'atteler. Il est urgent d'établir des voies légales et sécurisées d'arrivée en Europe pour les réfugiés et cela implique un esprit et une politique de solidarité avec les réfugiés. La protection des personnes est l'obligation première des États. Dans ce cadre, l'UE doit prendre des mesures afin que la Hongrie, État membre, démantèle le mur de la honte qu'elle a érigé.
Enfin, les pays membres de l'UE et l'UE elle-même doivent résolument s'engager en faveur de processus politiques de résolutions des conflits, de véritables politiques de paix et de développement en prenant des engagements ambitieux à l'occasion de la conférence internationale sur l’aide européenne au développement, qui se tiendra les 20 et 21 octobre 2015 au Luxembourg. L'UE avait proclamé l'année 2015, année européenne du développement, elle ne peut décemment pas en faire l'année européenne de l'aveuglement
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