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5 août 2015 3 05 /08 /août /2015 13:22
« Les migrants doivent accéder à l’asile dans le pays de leur choix »

Émilien Urbach et Gérald Rossi

Mercredi, 5 Août, 2015

L'Humanité

La droite et le gouvernement se sont lancés dans une surenchère nauséabonde à l’égard des exilés massés à Calais. Militants associatifs et élus de gauche font des propositions pour répondre aux drames vécus par les migrants et sortir l’Europe de l’impasse sécuritaire.

« Eurotunnel lance un chiffre sur le nombre de migrants ayant passé les barrières du tunnel. La préfecture en communique un autre revu à la baisse. Le Figaro annonce 2 200 personnes. Bernard Cazeneuve en annonce 2 000. Alors la préfecture revoit son chiffre à la hausse… En réalité rien n’a évolué depuis des semaines et on assiste, aujourd’hui, à une surenchère médiatico-politique. » Pour Philippe Wannesson, membre du collectif Migreurop, à Calais, et animateur du blog Passeur d’hospitalité, l’actuel brouhaha médiatique sur les exilés massés à Calais part d’un « non-événement » et permet surtout de ne pas se poser les bonnes questions.« Les discours de beaucoup d’élus et responsables de droite et d’extrême droite nous plongent directement dans une phase électoraliste, dans la pire des politiques politiciennes, s’emporte pour sa part Jacky Hénin, député européen et ancien maire communiste de Calais. Ils semblent découvrir que s’est créé, à Calais, un vaste bidonville… Lorsque, dans le monde, une catastrophe se produit, on installe des camps de réfugiés, le Haut-Commissariat aux réfugiés organise un minimum de sécurité sanitaire et de sécurité des personnes. À Calais rien de tout ça. »

La dérive xénophobe de la droite et du gouvernement

Les militants politiques et associatifs présents quotidiennement dans la ville sont unanimes pour condamnés la dérive sécuritaire et xénophobe des responsables de droite et du gouvernement. « Nous ne sommes pas tous d’accord entre associations, mais nous faisons tout de même des propositions concrètes, reprend Philippe Wannesson. On pourrait utiliser le parc foncier vacant, à Calais et dans les communes avoisinantes, pour y créer des unités d’accueil à taille humaine, regroupant 30 à 50 personnes, intégrées dans le territoire, et dans lesquelles les migrants pourraient s’autogérer. En parallèle, des professionnels pourraient être formés à l’accompagnement de ces populations. » Pour ce militant de la solidarité, la priorité est de permettre l’accès à l’information, aux droits et aux soins à tous ces chercheurs d’asile. Et pour lui l’argument du manque de moyens financiers ne tient pas. « On trouve de l’argent pour monter des murs de barbelés. Pourquoi ne l’utiliserions-nous pas pour permettre un accueil digne à ces personnes ? »

« On doit leur permettre de faire leur demande d’asile dans le pays de leur choix et arrêter de les obliger à se blesser, voire pire, ajoute Christian Salomé, de l’Auberge des migrants. Plutôt que de monter de nouvelles barrières de barbelés, il faut privilégier l’aspect humain. » Dans le fond, un tel changement nécessiterait que l’Union européenne abandonne les accords de Dublin, qui continuent d’obliger les candidats à l’exil à faire leur demande de protection dans le premier pays européen où ils ont été enregistrés. « De plus, on ne peut pas bloquer la frontière, continue le responsable associatif. Ce qu’on fait, c’est la rendre plus dangereuse et plus chère pour ceux qui doivent payer des passeurs. » Et d’ajouter : « Ça n’arrêtera pas les guerres de rendre le passage en Angleterre plus difficile. » Car les solutions de fond passent aussi par des choix politiques qui permettent à ces populations de pouvoir vivre dignement dans leur pays. « Pour cela il faudra que les guerres cessent, que les ventes d’armes soient stoppées, bref que les droits de l’homme deviennent partout une vraie valeur », reprend, à son tour, Jacky Hénin. Des considérations passablement éloignées des logiques politiciennes dans lesquelles se complaît une partie de l’échiquier politique pour ne pas se confronter aux vraies préoccupations des migrants et de la population calaisienne. « Quand des hommes politiques, comme Gérard Larcher (du parti de Nicolas Sarkozy – NDLR), président du Sénat, se mettent à raconter que ces personnes seraient responsables du chômage, c’est pour le moins surprenant, grince l’ancien édile communiste. Le chômage, qui dans la ville est passé de 13 à 17 % sous la gestion de l’équipe de droite, s’explique, en réalité, par la casse patronale du tissu industriel et commercial. MyFerryLink en est le dernier exemple en date. »

« Ces migrants sont prêts à tout pour se retrouver dans un pays où ils pourront vivre tout simplement, ajoute la députée européenne Front de gauche Marie-Christine Vergiat. Et nous, qu’est-ce qu’on leur donne ? Toujours plus de barbelés et de policiers, alors qu’on devrait ouvrir des voies légales d’accueil. »

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