Cécile Rousseau
Vendredi, 31 Juillet, 2015
L'Humanité
La Poste a présenté jeudi des résultats en progression au premier semestre 2015, réalisés au prix de 5 098 suppressions d’emplois.
La Poste persiste dans son obsession du chiffre. Le groupe a présenté jeudi des bénéfices en hausse de 31,7 % au premier semestre 2015, à 424 millions d’euros, un chiffre d’affaires en augmentation de 4,5 % et un résultat d’exploitation qui s’élève à 616 millions d’euros, soit + 44,3 %. Dans un communiqué, la direction de l’entreprise s’est félicitée que les « résultats du groupe enregistrent une progression, illustrant les premières réalisations du plan stratégique “La Poste 2020 : conquérir l’avenir” ».
Sauf que derrière les discours triomphants, l’austérité s’amplifie pour les agents. Les bénéfices des six derniers mois reposent en partie sur 5 098 suppressions d’emplois, laissant présager au moins 10 000 disparitions de postes d’ici la fin de l’année. Avec 90 000 emplois passés à la trappe en dix ans, un malaise social toujours aussi fort, les limites sont atteintes. Pour Bernard Dupin, administrateur CGT, « cette politique de suppressions de postes ne pourra pas durer encore longtemps. Nous ne supportons plus cette logique gestionnaire. La seule chose qui intéresse Philippe Wahl, PDG du groupe, c’est d’obtenir des résultats rapidement ! La Poste est l’entreprise qui touche le plus de crédit impôt compétitivité emploi (CICE), avec 341 millions d’euros prévus en 2015 » ! L’entreprise se débarrasse des emplois, mais amplifie l’externalisation. Comme le note la CGT, « les services extérieurs et la sous-traitance générale ont augmenté de 51 millions, soit 7,41 % », celle des transports a, elle, « progressé de 237 millions, soit 14,55 % ».
L’autre levier expliquant les résultats du groupe est la hausse du prix du timbre. L’augmentation historique de 7 % en janvier 2015 sera bientôt suivie par un nouveau renchérissement de 3,6 % en janvier 2016. La lettre à timbre vert grimpera de 0,68 à 0,70 euro tandis que celle à timbre rouge passera de 0,76 à 0,80 euro. Une aberration pour Régis Blanchot, administrateur SUD PTT : « On n’a même pas encore mesuré tout l’impact de cette première augmentation sur le courrier qu’on en prévoit déjà une autre ! On assiste à une accélération de la baisse du trafic, à cause des accumulations des hausses de tarifs qui font fuir les utilisateurs ! La Poste a déjà utilisé la moitié des augmentations autorisées par l’Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques et des Postes – NDLR), quelle stratégie va-t-elle trouver après ? »
Le service public continue de faiblir
La Poste justifie cette énième revalorisation des prix par la nécessité de maintenir le volume de courrier, alors que ce sont précisément ces tarifs élevés qui organisent leur chute, argument propice aux restructurations incessantes dans les centres de tri et de distribution. Pendant ce temps-là, le service public continue de faiblir. Régis Blanchot rappelle que « l’Arcep a informé La Poste qu’elle ne remplissait plus son obligation de qualité de service à J + 2 (courrier qui arrive bien deux jours après l’envoi – NDLR) alors que la norme avant était à J +1 ! La Poste ne rend plus le service correctement et veut demander aux gens de payer plus cher » ! Mais La Poste persiste dans cette logique. Elle espère ainsi atteindre ses objectifs de hausse de 3 % du chiffre d’affaires pour l’année 2015. En tondant la laine sur le dos des usagers et des salariés.