Par Patrick Le Hyaric
Jeudi, 23 Juillet, 2015 - L'Humanité
Le président de la République doit saisir le Conseil européen, la Commission et le Parlement européen pour porter le débat sur de nouvelles organisations communes de marché incluant des prix de base et une régulation des volumes. C’est urgent !"
Rien d’inutile dans le plan d’urgence gouvernemental en faveur de l’élevage. Il pourra peut-être donner temporairement un petit ballon d’oxygène à certains éleveurs.
Mais, soyons francs ! Il n’est une nouvelle fois qu’un emplâtre sur une jambe de bois.
Qu’on ne se laisse surtout pas abuser par cette nouvelle et impressionnante valse des millions annoncée devant des caméras surchauffées. C’est souvent le même argent que les gouvernements successifs recyclent, avec des reports de… reports de cotisations et de charges.
Au bout du compte, il faut quand même payer, continuer à souffrir et… tout perdre.
Jamais les grandes banques qui se nourrissent de l’endettement paysan ne sont mises à contribution, pas plus que les compagnies d’assurances, et encore moins les grandes sociétés de l’industrie, de l’agroalimentaire et de la grande distribution qui se gavent.
Il ne suffit pas de les exhorter à mieux payer les produits agricoles de base. Il faut agir en légiférant. Ce qu’a refusé le gouvernement face aux amendements communistes durant le débat sur le nouveau code libéral Macron, après celui de la Sarkozye qui, derrière le vocable de « loi de modernisation de l’économie », constitue une parfaite panoplie de fragilisation des paysans face aux mastodontes de la distribution. Le fond du problème est là !
Le fameux marché libre n’est que l’organisation du pillage du travail paysan qui a transféré près de 15 points de valeur créée par les éleveurs vers les secteurs d’aval de la production. Le président de la République doit saisir le Conseil européen, la Commission et le Parlement européen pour porter le débat sur de nouvelles organisations communes de marché incluant des prix de base et une régulation des volumes. C’est urgent ! Personne ne peut accepter le risque de disparition de 20 000 à 50 000 élevages avec les emplois induits qu’ils génèrent, à moins de considérer qu’on peut ainsi en finir, au nom de la sacro-sainte rentabilité, avec le modèle français d’agriculture paysanne. Empêchons ce massacre social et les fractures territoriales aggravées. Ce fameux « label France » sera inopérant si on n’augmente pas le pouvoir d’achat de l’ensemble des salariés dans toute l’Europe au lieu de poursuivre l’ensemencement du poison de l’austérité. L’intérêt général commande d’élaborer un nouveau projet agricole européen humain et durable