C'est pas la fin de la lutte... mais peut-être l'heure du début de la riposte pour les peuples européens.
C'était les 30 et 31 mai dernier le 1er Forum Européen des Alternatives à Paris, avec des ateliers thématiques disséminés dans la ville et des assemblées plénières sous un chapiteau place de la République. L'évènement, rappelant le climat des congrès de l'Internationale d'avant 1914, avec toutes les forces politiques, syndicales, associatives, intellectuelles, qui luttent contre la domination du capitalisme et de l'austérité partout en Europe et même dans le monde (il y avait des paysans boliviens, péruviens et du Sahara-Occidental au débat sur l'agriculture animé par le breton Xavier Compain), était organisé par le PCF et le Parti de la Gauche Européenne, présidé par Pierre Laurent, regroupant SYRISA (Grèce), Die Linke (Allemagne), Izquierda Unida (Espagne), le Sinn Fein (Irlande)., Rifondazione Comunista (Italie), Bloco de Esquerda (Portugal). Et bien d'autres encore...
On a discuté soutien à l'expérience de résistance de Syrisa et de la population en Grèce (la présidente du parlement grec était présente, le ministre des Finances et le porte-parole de Syrisa aussi), construction de l'alternative au néolibéralisme en Europe.
L'enjeu de la COP 21 et du Climat, d'une politique migratoire généreuse et humaine, soucieuse du droit d'asile et de la liberté de circulation, de la lutte contre la corruption, pour l'eau bien public, pour une agriculture paysanne et une alimentation de qualité pour tous, l'égalité homme-femme, la culture, la lutte contre le racisme et la domination des banques ont été autant de thèmes de débats de ce Forum Européen des Alternatives extrêmement riche et stimulant pour les participants.
Outre plusieurs personnalités du Front de Gauche (Clémentine Autin, Eric Coquerel, Marie-Christine Vergiat, Francis Wurtz, Pierre Laurent... Mélenchon a fait aussi une apparition le samedi), des frondeurs de la gauche du PS (Liem Hoang Ngoc), des écologistes (Emmanuelle Cosse), des responsables de Nouvelle Donne (Pierre Larroutourou), d'ATTAC, de la Fondation Copernic, d'associations comme Amnesty International, la JOC, RESF, la Cimade, des intellectuels (le très stimulant Gus Massiah notamment, du Forum Social Mondial) des syndicats d'émancipation français (CGT, Solidaires, FSU, Modef, Confédération Paysanne) ont participé à ces échanges.
5000 personnes ont vécu dans l'enthousiasme cette première européenne dans un climat de fraternité et de combativité mais évidemment, ce week-end là, les télés et les radios ont regardé ailleurs : le congrès de l'UMP, les démêlées de la famille Le Pen, c'était tellement plus intéressant. Cette gauche de rupture qui défend les intérêts du monde du travail, de l'égalité et de la civilisation en Europe, on préfère ne pas lui donner trop la parole, de peur que les peuples soumis à la dictature de la finance aient des idées de révolte.
Pour ma part, j'ai participé place de la République à deux débats sur le soutien à la Grèce, contre l'austérité et pour la démocratie, le samedi et le dimanche, à un débat sur « Un monde de mobilités : pour une nouvelle politique migratoire » animé par la députée européenne du Front de Gauche Marie-Christine Vergiat, à un débat sur « la démocratie contre les banques » et sur le financement des services publics en Europe. J'ai été particulièrement séduit d'entendre des paroles de lutte, de résistance, de perspectives politiques avec des accents et des idiomes grecs, espagnols, portugais, italiens, allemands, qui disent à la fois la richesse des expériences nationales de la gauche de transformation, l'universalité de notre combat, et la capacité à innover pour retrouver des bases populaires de lutte contre la domination des forces capitalistes.
Ismaël Dupont.
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