REUNION MAIRIE DE MORLAIX
Jeudi 19 mars
Les propositions Front de Gauche, à deux voix
Michèle Abramovicz:
Avant de présenter les propositions du Front de Gauche, nous tenons à l’affirmer haut et fort : nous refusons que les missions du Conseil Départemental aient pour toile de fond l’austérité et les baisses de subventions. Comme l’a montré Julien, la France est un pays riche et avant de nous faire les poches, faisons donc une réforme fiscale, veillons à ce que les plus fortunés paient l’impôt à hauteur de leurs revenus et ramenons tout ce qui se trouve au Luxembourg, en Suisse, aux Iles Caïman ou autres paradis fiscaux ! Nous, ce que nous voulons c’est que l’économie profite à tous les citoyens et non à quelques-uns et quand on nous annonce que la France commence à aller mieux, on voudrait bien que ce soit le cas pour tout le monde ! Le département ne doit pas devenir un simple distributeur d’aides publiques. Il doit avoir les moyens de mettre en place une politique globale et cohérente sur le territoire. Pour cela, il faut que la clause de compétence générale soit maintenue et les moyens renforcés.
Sylvie Lécuillier:
Et puis, il faut arrêter de nous pondre des projets qui n’intéressent que ceux qui les ont conçus et leurs amis. Est-ce que la majorité des citoyens est d’accord avec la construction d’une centrale à Landivisiau ? – Est-ce que vous êtes pour la construction d’une centrale à Landivisiau ou d’un grand port de plaisance au Diben ? C’est curieux mais dans ces cas-là, l’austérité est oubliée ! Nous voulons que l’argent public soit dépensé à bon escient et pour servir l’intérêt général ! Pour toute élaboration de projet, une concertation citoyenne sera organisée, qui permettra de mieux appréhender les réels besoins sur le terrain et de gagner en efficacité.
Cela veut dire qu’il faut renverser la table.
Cela veut dire qu’il faut travailler à rebours de cette réforme territoriale qui cherche à éloigner les citoyens des centres de décision en les concentrant dans des structures toujours plus grandes et lointaines : régions, métropoles ou communautés d’agglo de plus en plus grandes … L’expertise des citoyens, des associations, du monde économique et de la jeunesse, ce n’est pas rien … Appuyons nous sur cette expertise pour élaborer ensemble une démocratie de proximité !
Michèle Abramovicz:
Est-il normal qu’on n’ait pas accès aux mêmes services publics partout sur le territoire ? que la Poste se désengage à Plougonven ou que la Trésorerie déserte Plouigneau ? Nous avons la chance d’avoir un territoire maillé par des villes petites ou moyennes ; il faut les préserver. On essaie de nous faire croire que les petites villes et les campagnes vont bénéficier de l’essor des métropoles ; ce n’est pas du tout ce que l’on voit. C’est même le contraire, les métropoles ont tendance à aspirer tout ce qui se trouve autour d’elles. Et c’est normal : la logique comptable impose de tout rentabiliser y compris les services publics ou les hôpitaux. Donc, ils sont transférés là où il y a du monde. Mais nous, au Front de Gauche, nous ne voulons pas de populations abandonnées et sacrifiées sur l’autel de la rentabilité. Nous allons donc développer une offre diversifiée de services publics et de proximité. Cela veut dire : lutter contre les déserts médicaux, développer une offre de transport public en secteur non urbain et entre les villes finistériennes non desservies par le train. Cela veut dire aussi : refuser l’unique logique comptable pour décider de la vie ou de la mort d’un collège. Et puis nous veillerons particulièrement à ce que l’offre culturelle soit mieux répartie, y compris en milieu rural. Le Finistère est riche d’un patrimoine architectural et culturel, du dynamisme de ses associations, il faut élargir leur rayonnement auprès du plus grand nombre. La culture contribue à l’enrichissement du lien social, elle ouvre sur d’autres façons de penser, de sentir, d’exprimer, elle ouvre donc sur la compréhension et l’acceptation des différences et nous savons combien nous en avons besoin aujourd’hui.
Sylvie Lécuillier:
Je crois qu’il faut parler des ressources et des richesses du Finistère. L’agriculture et la pêche demeurent les piliers de l’économie départementale. Le Finistère, c’est 1400 km de littoral, mais aussi d’innombrables ruisseaux et rivières. Tout ce patrimoine naturel, mais sensible, est à protéger et à mettre en valeur, afin de le transmettre aux générations futures. La mer est une richesse sur le plan touristique mais elle contient également des ressources considérables qu’il nous faut préserver. Réorienter la filière pêche vers une vraie politique de pêche durable, expérimenter des méthodes de pêche sélectives et de bonne gestion de la ressource, nous y sommes déterminés ; Nous accompagnerons le renouvellement de la flotte de pêche artisanale ; nous soutiendrons la recherche dans le domaine des sciences de la mer.
Michèle Abramovicz:
C’est vrai, notre région a une vocation agricole reconnue et ancienne mais on voit bien que le modèle actuel ne fonctionne plus et qu’il faut orienter les choses autrement : notamment arrêter la mise en place des fermes usines. Il faut répartir les terres agricoles pour une destination moins intensive. Réorienter les aides vers les pratiques biologiques et paysannes. A travers la restauration collective, le conseil départemental peut encourager les circuits courts de distribution et les productions de qualité ; il peut également développer des aides à la création de groupements coopératifs.
Et puis, il faut lutter contre l’étalement urbain qui est une catastrophe pour les terres agricoles et les espaces naturels. Les jeunes agriculteurs ne trouvent plus de petites surfaces pour s’installer et les terres indispensables à la production alimentaire du pays diminuent.
Sylvie Lécuillier:
D’une manière générale, le Conseil Départemental doit favoriser la mutation écologique du Finistère et l’aider à changer ses modes de production et d’échanges.
Nous ferons le choix des énergies renouvelables et renforcerons les plans d’économie d’énergie dans les collèges, le logement social et l’habitat privé
L’eau est un bien inaliénable dont la maîtrise et le contrôle doivent être assurés par les citoyens, les élus et les usagers. Nous soutiendrons le retour en régie publique de l’eau et de l’assainissement ; nous contribuerons à organiser les services publics de traitement des déchets selon des modes non polluants
Nous soutiendrons l’artisanat, les commerces de proximité et les PME/TPE, notamment à travers des pépinières d’entreprises qui créent de l’emploi.
Nous mettrons en place également des collaborations avec les acteurs de l’économie sociale et solidaire pour consolider ou encourager des initiatives locales.
Michèle Abramovicz:
Notre objectif premier c’est bien sûr d’améliorer la vie des finistériens au quotidien et de répondre à leurs besoins très concrets. Et le logement est une priorité. Sa part dans le budget d’un ménage a considérablement augmenté et 44 % des finistériens n’ont pas les moyens d’accéder à un logement de qualité. Il faut plus de 6 mois d’attente pour un logement social. Un de nos objectifs sera donc d’accroître l’offre de logements abordables mais également d’accompagner le développement de l’éco-habitat individuel et collectif. Et dans ce domaine, il faudra sans doute plus de transparence et donc un contrôle démocratique dans l’attribution des aides accordées aux communautés d’agglo ou aux bailleurs sociaux ; de même d'ailleurs que sur l’utilisation de ces aides. Aujourd’hui, on ne peut pas dire que la transparence soit toujours au rendez-vous.
Bien sûr, ce sont les personnes les plus précaires qui vivent le plus souvent dans des logements vétustes, voire indignes parfois, mal isolés, donc avec des factures énergétiques importantes. Or, la rénovation des logements sociaux ou l’accompagnement des propriétaires privés dans la rénovation des appartements entrent dans les compétences du département. Il y a là un chantier urgent que nous entreprendrons.
Favoriser la mixité sociale est aussi une priorité : certaines communes sont bien loin de respecter leurs obligations en matière de création de logements sociaux et il faudra bien accentuer les mesures incitatives et coercitives pour les y contraindre.
Sylvie Lécuillier:
Comme au plan national, la politique d’austérité menée actuellement fait basculer de plus en plus de finistériens dans la précarité. Le conseil général gère le dispositif du RSA. Or, il faut savoir que de nombreux bénéficiaires potentiels ne font pas valoir leurs droits. Cela veut dire qu’il est indispensable de mettre en place un guichet unique pour faciliter les démarches d’accès aux droits et aux informations. Mais il est surtout primordial de créer de l’emploi et le département peut y contribuer.
Nous développerons des politiques plus ambitieuses en matière d’insertion sociale en intensifiant la concertation avec les acteurs institutionnels ou associatifs qui sont en première ligne. C’est d’eux que viendront les solutions les plus cohérentes avec la réalité du terrain.
Michèle Abramovicz:
Un soutien plus énergique aux familles et aux jeunes en difficulté s’impose également. Cela veut dire bien sûr des crèches, le recrutement et la formation d’assistantes maternelles. La réussite scolaire se construit dès la plus petite enfance. Mais cela veut dire également qu’il y a urgence à investir de façon volontaire et massive dans la prévention en faveur des jeunes en difficulté et en risque de rupture familiale. Le Conseil départemental abandonne de plus en plus la prévention par manque de moyens et c’est intolérable. Nous assistons à une dégradation des situations qui amène à un recours de plus en plus fréquent aux placements en famille d’accueil et en institutions. Les travailleurs sociaux qui doivent faire face à des situations dramatiques qu’ils n’ont pas les moyens de gérer se sentent abandonnés. Il est urgent de les entendre et de construire des solutions avec eux.
Sylvie Lécuillier:
Les personnes âgées et en perte d’autonomie sont aussi les oubliées de notre société. Nous proposerons la création d’un pôle public de l’autonomie dans notre département et d’un service public à la personne qui structure une politique locale tant en direction des personnes âgées que des personnes handicapées ou invalides.
Nous établirons notamment un plan pluriannuel de créations de places en EHPAD. Selon Pierre Maille, il en manque au moins 2.000 alors qu’on en crée que 80 par an.
Nous avons également à structurer la filière du service à la personne en dotant les associations de moyens à la hauteur de l’enjeu, en revalorisant les professions par une formation, une rémunération digne et des conditions de travail satisfaisantes.
Le souhait majoritaire des personnes âgées est de rester à leur domicile : il faudra résoudre les difficultés liées à ce maintien. Nous développerons donc des aides à l’adaptation des logements ; nous faciliterons la création de logements intergénérationnels ou en centre-villes, à proximité des commerces et des services pour lutter contre l’isolement.
Enfin, les problèmes liés au vieillissement et à la dégradation de l’autonomie sont des problèmes de santé, nous lutterons et nous lancerons un débat public pour qu’ils soient reconnus et pris en charge comme tels par la sécurité sociale et l’hébergement par la solidarité nationale, sans que cela soit une charge pour les familles.
Michèle Abramovicz:
On voit bien que les restrictions budgétaires rendent difficiles la réalisation de ces projets qui ne sont pourtant que des réponses aux besoins élémentaires des citoyens. C’est la raison pour laquelle cette politique est indigne et que nous la refusons. Alors, ne nous leurrons pas, si nous n’avons que 2 élus au Conseil Départemental, nous ne pèserons pas suffisamment pour réaliser tout ce que nous vous avons proposé. Mais nous pourrons alerter, mobiliser, lancer le débat démocratique, défendre l’intérêt des finistériens, diffuser l’idée qu’une autre politique est possible. Seuls les Elus du Front de Gauche peuvent porter, au sein du conseil départemental, une alternative à cette politique comptable et purement gestionnaire. Seuls les élus du Front de Gauche peuvent porter une autre vision de la société qui met l’humain au centre et l’économie comme outil de son bien-être.
Voter pour les candidats du Front de Gauche, c’est voter pour une société progressiste, solidaire et fraternelle. Avec un vote massif Front de Gauche, tout peut changer.
Morlaix - le 19 mars 2015.